l'éclat

Carlo Michelstaedter

 

Carlo Michelstaedter

Livres

Carlo Michelstaedter
La persuasion et la rhétorique

La persuasion et la rhétorique est, on ne craint pas de l'affirmer, un cas unique dans l'histoire de la philosophie. Carlo Michelstaedter (1887-1910) l'écrivit à 23 ans et se donna la mort le lendemain même de l'achèvement de ce qui devait être sa maîtrise de philosophie.
«Moi, je sais que je parle parce que je parle, mais que je ne persuaderai personne.» C'est ainsi que Michelstaedter s'adresse à ses professeurs dans la préface de ce 'travail universitaire' inconvenant, qui se proposait d'étudier les concepts de persuasion et de rhétorique chez Platon et Aristote. Il échappe ainsi a tout exposé systématique pour suggérer une «version du monde», et nous offre une œuvre absolument inclassable. Persuasion impossible du fait que la vérité pèse infiniment et que ce poids la rend dé-pendante. Rhétorique qui occulte, à travers un appareil de mots, de gestes, d'institutions, cette impossibilité d'atteindre la persuasion. Entre Platon et Aristote, la philosophie n'offrait pas d'autre alternative au jeune Michelstaedter que celle d'un revolver qui le figeait dans un instant éternellement présent, — celui d'une œuvre brillante, brûlante même, et que l'Italie consacre comme l'une de ses plus extraordinaires réalisations.

« Chacun d'entre nous, lecteur par profession ou par amour, connaît quelques volumes dont il n'est pas sorti indemne. Ils marquent obscurément les fibres, au point que la voix sonne faux quand on veut en parler de manière seulement docte. Ces livres-là, qu'on est sûr de n'oublier jamais, nous les comptons sur les doigts d'une main, rarement deux. Pour ma part, je n'hésiterai pas à y mettre désormais, La persuasion et la rhétorique. » R.-P. Droit (Le Monde)

 

texte établi et présenté par Sergio Campailla
traduit de l'italien
par Marilène Raiola
isbn 2-905372-36-2. 1989, 19983.
208 p.
87 ff. 13,26 euros.


Carlo Michelstaedter
Appendices critiques
à «La persuasion et la rhétorique»

« L'homme, dans la nuit, allume une lumière pour lui-même. » – L'homme dans la nuit de la rhétorique, allume en lui – en son œil – une lumière dont il sait qu'elle le consumera. Cette lumière, en tant qu'elle éclaire, est un don. Les Appendices critiques sont ce don de lumière qui consume celui qui en est proche et éclaire celui qui se tient à l'écart. Mais peut-on éternellement se tenir à l'écart de la lumière qui consume et se consume ? Peut-on éternellement voir et dire que l'on a rien vu?
« Guerre aux mots avec les mots ». Ainsi s'ouvrent ces pages qui complètent et approfondissent La persuasion et la rhétorique de Carlo Michelstaedter. Guerre aux mots, mais guerre aussi aux manipulateurs de mots. Et, à ce titre, elles se peuvent définir un « combat implacable contre le Stagirite », prince de la rhétorique, véritable initiateur de la rhétorique dans la vie, dispensateur éclairé d'un savoir coupé de la vie. « La langue n'existe pas – écrit Michelstaedter –, tu dois la créer : tu dois créer son mode, tu dois créer chaque chose pour que la vie soit tienne ». Telle est la voie de la persuasion sur laquelle s'aventure Michelstaedter. Et nous, lecteurs, nous l'empruntons à notre tour, bien conscients du fait qu'elle fut tracée jusqu'à son extrême limite. De plus, son terme qui n'était alors qu'une forme imprécise – notre monde ou plutôt le monde auquel nous appartenons – est là désormais sous nos yeux et, « d'une certaine manière », nous y sommes préparés.

 

traduit de l'italien
par Tatiana Cescutti.

1994
isbn 2-905372-85-0.
304 p.
120 ff. 18,29 euros.

 

les deux titres
sous coffret
isbn 2-84162-030-1. 1998.
200 ff. 30,49 euros.


Argia Cassini

Argia Cassini

Carlo Michelstaedter
Épistolaire

« La correspondance [de Michelstaedter] éclaire en perspective l'oeuvre, la prépare peut-être, mais ne porte pas trace de "prolégomènes à une mort annoncée". Ce qui là, lentement, se fabrique c'est bien une énigme.» R. Maggiori (Libération).

choix de lettres établi par Michel Valensi
traduit de l'italien et préfacé par Gilles A. Tiberghien

1990
isbn 2-905372-44-3. 208 p.
87 ff. 13,26 euros

Carlo Michelstaedter
Le Dialogue de la santé et autres textes

Le Dialogue de la Santé fait partie d'un ensemble d'écrits posthumes de Michelstaedter, dont les éditions de l'éclat publieront l'intégralité prochainement. Construit sur le modèle du dialogue platonicien (ou leopardien), il met en scène deux jeunes hommes, amis de Michelstaedter, Nino Paternolli, et Enrico Mreule (dont Claudio Magris avait fait le personnage principal de son livre Une autre mer). Au sortir d'un cimetière, le gardien salue les deux jeunes hommes d'un cri : «Que Dieu vous donne la santé.» C'est l'occasion d'une discussion âpre sur le sens des mots et le sens de la vie. En écho avec la Persuasion et la rhétorique, le Dialogue de la Santé résonne de tous les thèmes de ce livre inclassable, la sécurité, la nécessité de vivre, le langage et ses pièges, etc. Il en explicite également les thèmes, et pourrait être un élément de réponse au geste ultime de Michelstaedter, jusqu'à présent inexpliqué. Le dialogue est suivi d'autres petits dialogues moraux de Michelstaedter.

Carlo Michelstaedter (1887-1910) est connu comme étant l'auteur d'un seul et unique ouvrage : La persuasion et la rhétorique (et ses Appendices), dont la publication à l'Eclat en 1989 fut une révélation pour beaucoup. «Chacun de nous, lecteur par profession ou par amour, connaît quelques volumes dont il n'est pas sorti indemne... Pour ma part, je n'hésiterai pas à y mettre désormais la Persuasion et la rhétorique», écrivait Roger Pol Droit dans le Monde lors de la parution de ce titre.

Né à Gorizia en 1887, Michelstaedter étudie à Florence, où il rédige ce « mémoire de maîtrise » unique en son genre, sur les concepts de persuasion et de rhétorique chez Platon et Aristote. Le soir de l'achèvement de son travail, il se tire une balle dans la tête. Il avait 23 ans.

PARU MARS 2004

Collection "philosophie imaginaire"

traduit de l'italien et présenté par Antoine Parzy

Lire la Postface de Massimo Cacciari

 


Notice biographique

 

3 juin 1887 Naissance de Carlo Michelstaedter à Gorizia, d'Alberto Michelstaedter et Emma Luzzatto. Famille juive italienne qui compte parmi ses membres le rabbin Isacco Samuele Reggio, dit «le Saint», qui fut rabbin de Gorizia.

1905 Inscription à la faculté de Mathématiques de l'Université de Vienne.

octobre 1905 Retour en Italie. Séjour à Venise, Vincence, Ferrare, Bologne, Padoue puis Florence, où il s'inscrit à la Faculté de Lettres de l'Institut des Études Supérieures. Suit l'enseignement de Villari et Vitelli. Amitié avec Gaetano Chiavacci et Vladimiro Arangio-Ruiz qui furent, plus tard, ses éditeurs.

1906 Relation avec Nadia Baraden, d'origine russe, qui aura une forte influence sur Michelstaedter. Celle-ci se suicidera en avril 1907. Michelstaedter écrira en 1909 le Dialogue entre Carlo et Nadia. Guido Mazzoni lui confie un travail sur l'Oratio «Pro Q. Ligario» traduite par Brunetto Latini.

mars 1907 Parution du premier et seul numéro de la revue Gaudeamus igitur à son initiative et dans lequel il réalise la plus grande partie des dessins et caricatures.

juin 1907 Écrit à Benedetto Croce pour lui proposer de traduire Schopenhauer dans la collection des «Classici della filosofia moderna» alors en chantier chez Laterza. La lettre, à laquelle Croce répond aimablement, restera sans suite. Il fréquente le musicien Giannotto Bastianelli qui jouera pour lui «tout» Beethoven.

hiver 1907-1908 À l'occasion d'un séjour à Gorizia, il reprend l'étude de l'hébreu pour entreprendre la lecture des textes de la tradition hébraïque et plus précisément cabalistique (Ep. pp. 95, 101).

été 1908 Séjour à Pirano en compagnie de Paula et de Argia Cassini pour qui il écrit de nombreux poèmes («À Senia»).

1909 Retour à Gorizia pour la préparation de sa thèse sur «Les concepts de persuasion et de rhétorique chez Platon et Aristote». Il fréquente assidûment Enrico Mreule, Nino Paternolli, qu'il mettra en scène dans Le Dialogue de la santé, et son cousin Emilio Michelstaedter, à qui il dédiera l'œuvre.

février 1909 Mort accidentelle ou par suicide à New-York de son frère Gino, de dix ans son aîné.

octobre 1909 Départ de Enrico Mreule pour l'Amérique du Sud. Michelstaedter lui demande avant son départ de lui confier son revolver.

1909-1910 Dessine la tombe de son frère Gino dont les cendres furent rapportées des États-Unis et participe «de ses mains» à sa fabrication.

printemps 1910 S'occupe des études de son cousin Emilio qui a dû quitter l'école pour des raisons de santé. Il écrit le Dialogue entre Diogène et Napoléon.

mai 1910 À l'occasion du passage de la comète de Haley, Michelstaedter écrit le Dialogue entre la Comète et la Terre.

septembre 1910 Lettre à sa mère (Ep. p. 193 sqq.).

7 octobre 1910 Achève Le Dialogue de la santé.

16 octobre 1910 Il achève les Appendices critiques à la Persuasion et la rhétorique. Se rend – selon sa sœur Paula Michelstaedter-Winteler – chez Argia Cassini pour écouter une symphonie de Beethoven. (Cf. Campailla, Pensiero e poesia di Carlo Michelstaedter, Bologne, 1973, p. 157).

17 octobre 1910 Se tue d'un coup de revolver. Son cousin Emilio découvre le corps. Carlo Michelstaedter est enterré dans le cimetière israélite de Valdirose (aujourd'hui territoire slovène). Sur sa tombe, sous le nom et les dates de naissance et de mort, les seules lettres hébraïques, acrostiche de la phrase que l'on trouve traditionnellement sur les tombes juives, inspirée de I Samuel 25, 29: «Que son âme soit enveloppée dans le faisceau des vivants.»

 


Articles

Poème à sa soeur Paula

Interprétation de Michelstaedter

Il s'agit d'un chapitre du livre de Massimo Cacciari: Drân, consacré à Michelstaedter.

Liens

www.carlomichelstaedter.it

Site officiel préparé par la Bibliothèque de Gorizia où sont conservés les manuscrits de Michelstaedter.

Le livre de Patricia Farazzi : La Vie obscure évoque aussi Michelstaedter.

C'est à l'ombre de Carlo Michelstaedter que viennent s'abriter les personnages de la vie obscure, désormais inséparables d'une oeuvre qui, à l'aube du siècle du Grand-Nombre, interrogeait: «L'individu? Où est-il?» Et cet individu broyé se reconstruit ici à travers les dessins de silhouettes d'une femme qui peint, la réflexion intempestive d'une jeune fille de retour dans une ville, l'ironie inquiète d'une ombre philosophique.

haut