Patricia Farazzi
La porte peinte
Parce qu'une voix intérieure lui dit qu'il ne sculptera plus, Abraham Aboulafia (qui pourrait être la réincarnation du cabaliste du 13e siècle, ou le cabaliste lui-même sept siècles plus tard), pousse la porte peinte devant laquelle il passait tous les jours… « et elle s'ouvre ».
Commence alors une traversée de Paris de haut en bas et de long en large, avec des haltes plus fréquentes entre la Bastille et le Jardin des Plantes. Paris, sujette à mille métamorphoses, tour à tour ville antique, aquatique, ville moqueuse, tonitruante, ville de feu gouvernée par une gigantesque roue de loterie, ville saline, peuplée de rêves et de rencontres insolites, ville qui abrite en elle les chiffres que l'on retranche, qui cache l’exacte dimension du temps dans ses bibliothèques de livres blancs. Ville qui, à « l'heure dite » fait entendre les paroles de la nuit et révèle à celui qui la parcourt les données algébriques de « l'éternel éphémère ». Aboulafia en fera-t-il alors la sculpture ? Voyage dans l'extrêmement proche, toujours dans l'esquive, toujours ironique, cette traversée est aussi un voyage dans un Paris définitivement disparu, et dont des traces subsistaient encore à la fin du 20e siècle. L'auteure l'a connu, l'a fréquenté, l'a habité, en a décrit la magie et l’a quitté pour une autre contrée.
Patricia Farazzi a publié, traduit et préfacé un grand nombre de livres aux Éditions de l’éclat, depuis L’esquive (1985), jusqu’au récent L’étoile et le flot (2025). Son récit tel-avivien, L’archipel vertical (2006) a été republié dans L’éclat/poche en 2025. Traductrice de l’italien, elle a traduit la plupart des livres de Giorgio Colli ou le livre de Sergio Bettini sur Venise. Elle a également préfacé les livres d’Ursula K. Le Guin, Jules Michelet, Guillaume Apollinaire, ou les livres de Javier Héraud, Leandro Calle ou Zarife Biliz dans la collection L’éclat/poésie/poche. Elle réalise la plupart des photos de couverture de la collection L’éclat/poche.
La porte peinte a paru pour la première fois en 1988 dans la collection « Paraboles». Elle reparaît dans L’éclat/poche près de 40 ans plus tard, remanié et enrichi par l'auteur qui s’en explique dans une introduction en forme de dialogue avec son personnage Abraham Aboulafia.
