« L’exégèse de la parole biblique ne saurait être confiée à l’intelligence seule, non plus qu’à la foi seule », écrit ici André Neher. Et c’est donc vers une harmonie de la foi et de l’intelligence que s’oriente sa lecture du texte biblique, comme dans cet important inédit, retrouvé aux Archives de la Bibliothèque Nationale d’Israël à Jérusalem et que présente Enrico Lucca, chercheur au Centre Simon Dubnow de Leipzig. En retraçant l’histoire de la critique biblique, depuis les travaux inauguraux de Richard Simon ou de Julius Wellhausen, Neher revient sur une discussion fondamentale entre la recherche archéologique et textuelle et le point de vue théologique ou spirituel, avant d’en venir aux questions que posera la traduction de la Bible, et en particulier celle conçue par Franz Rosenzweig et Martin Buber. Ce que révèle de la Bible son passage dans une autre langue que l’hébreu est bien, pour Neher, l’essentialité de la langue originale elle-même, qui habite le texte comme aucune autre langue. Et c’est ce retour à l’hébreu, à la primauté de l’hébreu qui cristallisera le débat entre critique biblique et tradition juive et en confirmera l’harmonie paradoxale.
Premier entretien d’Enrico Lucca avec Marc Alain Ouaknin dans Talmudiques (France Culture)
André Neher (1914-1988) a marqué profondément les études juives en France, depuis Amos. Contribution à l’étude du prophétisme (1950), jusqu’aux recherches sur le Maharal de Prague et à l’enseignement qu’il a menés de Strasbourg à Jérusalem, aux côtés de Renée Neher-Bernheim (1922-2005).
Héritages d’André Neher Temps de la Bible