Hans Blumenberg
Concepts en histoires
De 1985 à 1990, le philosophe Hans Blumenberg a fait paraître dans le feuilleton littéraire de la Frankfurter Allgemeine Zeitung une série de billets, d’une grande ironie et magnifiquement ciselés, constituant le cœur de ces Concepts en histoires qui s’ouvrent sur un souvenir d’enfance en forme de métaphore. Tout comme le motif apparaissait lentement sur le papier trempé au bain du révélateur, quand le jeune Hans assistait son père, photographe amateur, le concept surgit des histoires et des anecdotes que Blumenberg glane au gré de ses déambulations dans le livre de la vie, grâce à son immense culture érudite. Ces instantanés au quotidien, qui accompagnent une œuvre philosophique aussi exigeante qu’inclassable, en font ainsi l’un des tout premiers prosateurs du second XXe siècle allemand, aux côtés, par exemple, d’un W. G. Sebald, avec qui il partage, outre le goût pour les chambres noires, le sentiment que les mots ont une histoire à laquelle adhèrent inévitablement celle de leurs emplois les plus terrifiants par l’idéologie et la méthode méticuleuse de reconstruction d’une mémoire, face aux maquillages qui ont cherché à effacer, en Allemagne précisément, les traces nazies de cette histoire.
Hans Blumenberg (1920-1996) est l’auteur d’une œuvre immense dont on commence à découvrir la part cachée, avec la publication de nombreux inédits, comme ces Concepts en histoires, ou la Théorie de l’inconceptualité qui paraît en même temps dans cette même collection. On peut lire en français, outre ses grands traités, La légitimité des temps modernes (Gallimard, 1999) ou La lisibilité du monde (Cerf, 2007), quelques essais déterminants qui dessinent les contours d’une métaphorologie : Le souci traverse le fleuve (L’Arche, 1990), Naufrage avec spectateur (L’Arche, 1994) ou Le rire de la servante de Thrace (L’Arche, 2000).
Lire le compte rendu de Marina Seretti sur l'excellent site Actu-philosophia
Lire le compte-rendu de Richard Figuier dans En attendant Nadeau