« Nous avons voulu démontrer dans ce travail que les signes picturaux, tout en désignant les choses, signifient d’abord leur propre niveau symbolique et leur propre système de cohérence, que la surface picturale est une charnière où l’optique spontanée, empirique, et l’optique codée « topologique », se rencontrent, que les événements picturaux transforment un devenir cosmique en devenir humain et vice versa, que la peinture oppose au visible naturel des visibles signifiants, culturels, mythiques», écrit Abraham Zemsz pour présenter les Optiques cohérentes.
La vie d’Abraham ‘Abrasza’ Zemsz (1917-1979) fut toute son œuvre. Tous ceux et celles qui l’ont connu gardent de sa conversation infinie un souvenir ébloui. Sans domicile fixe, sans ‘travail’, il parcourait Paris et conversait des heures durant avec les amis rencontrés, quand il n’intervenait pas au séminaire de Lévi-Strauss au Collège de France, ou accompagnait Leroi-Gourhan dans les grottes d'Arcy-sur-Cure. Homme de ‘parole’, il a côtoyé une grande partie de l’intelligentsia parisienne de son temps: anthropologues, philosophes, artistes, galeristes, psychanalystes, et certains l’évoquent encore avec émotion, mais il n’a laissé qu’un seul écrit que nous republions aujourd’hui, consacré, paradoxalement, au ‘langage’ de la peinture. Cet essai d’une extraordinaire intelligence artistique révèle à la fois un penseur hors normes en même temps qu’un écrivain d’une grande sensibilité.
Postface de Jacques Morizot
Suivi de «L’œuvre-vie d’Abrasza Zemsz» par Michel Valensi
Photo de couverture: Elisabeth Brami
Né en 1917 de parents juifs polonais, il gagne Paris en 1938. Il participe à la résistance, s'engage dans l’Armée d'Anders, puis dans l’armée britannique. En 1948, il est combattant volontaire dans la guerre d’Indépendance d’Israël. De retour à Paris en 1949, il y vivra jusqu’à son suicide en 1979. Outre les Optiques cohérentes, on peut lire deux articles sur la peinture des Indiens et sur les conventions picturales du langage aztèque (en ligne).
Textes de circonstance Le Golem
