William T. Lhamon

Peaux blanches, masques noirs

Représentations du blackface, de Jim Crow à Michael Jackson

1820, marché Sainte-Catherine, New York : près du port, des «nègres» dansent pour gagner quelques anguilles. A l'origine monnaie d'échange, ces danses deviennent une marque culturelle pour le lumpenprolétariat bigarré fasciné par le charisme et la gestuelle des Noirs. Fin du vingtième siècle, de part et d'autre de l'Atlantique et sur MTV : Michael Jackson et M. C. Hammer se déhanchent avec des pas de danse et des gestes identiques aux danseurs d'anguilles. Pourquoi ces gestes ont-ils perduré? Quels processus d'identification ont-ils mis en œuvre? A qui appartiennent-ils? Aux Noirs qui les ont créés, ou aux Blancs qui, une fois grimés en noir (blackface), les ont copiés et assimilés?
Peaux blanches, masques noirs, à travers l'histoire des ménestrels du blackface (T. D. Rice, Dan Emmett, Jim Crow…) et des lieux de formation de la culture américaine, explore cette longue mutation d'une culture folk limitée aux frontières d'un marché multi-ethnique en une véritable culture populaire où l'échange et la reconnaissance de gestes signent une appartenance. Esclaves ou fugitifs noirs, mariniers ou journaliers blancs, tous vivaient dans les mêmes conditions d'une classe ouvrière luttant pour que la culture dominante les laisse libre d'échanger les marques de reconnaissance culturelles qu'ils partageaient. Du sifflement de Bobolink Bob sur le marché Sainte-Catherine à celui d'Al Jolson dans Le Chanteur de jazz, du Benito Cereno de Melville au Caïn de Bob Dylan, des peaux d'anguilles portées en guise de serre-tête aux dreadlocks afros, W. T. Lhamon Jr. offre une magnifique histoire de ces signes culturels qui, après avoir vaincu les forces d'oppression qui tentaient de les étouffer, font aujourd'hui partie de notre quotidien.

«Ce qui rend Raising Cain [Peaux Blanches, masques noirs] aussi fascinant est la manière dont Lhamon montre comment ces gestes traversent les siècles et les Etats-Unis tout en conservant leurs formes et leurs significations propres. Le style de Lhamon, jamais jargonnant, a une force, une lucidité, une précision et un enthousiasme incomparables. Mais sa plus grande réussite est de franchir les barrières entre des formes culturelles que la plupart des auteurs tiennent pour acquises.»
Greil Marcus.

«Le très beau livre de W. T. Lhamon est un véritable éblouissement. Il est tour à tour prodigieusement érudit, pénétrant, poétique, caustique et porteur d'une vraie dimension politique.»
Paul Gilroy.

« Voici un livre qui donnera le vertige à ceux qui sont habitués aux standards de l'histoire culturelle...»
Jacques Rancière.

 

Nouvelle édition chez Zones sensibles

William T. Lhamon est professeur d'anglais à la Florida State University. Il est également l'auteur de Deliberate Speed. The Origins of a Cultural Style in the American 1950s et plus récemment de Jump Jim Crow. Lost Plays, Lyrics, and Street Prose of the First Atlantic Popul.

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Collection  Kargo
Sujets   Histoire  |  Musique

Année de parution : 2008
Préface de Jacques Rancière. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sophie Renaut.
ISBN : 9782841621699
384 pages
Epuisé
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