Avrom Sutzkever

Né à Smorgon (Biélorussie) le 15 juillet 1913, Avrom Sutzkever passe les premières années de sa vie à Omsk en Sibérie jusqu’à la mort de son père en 1920. En 1922, sa mère s’installe avec ses trois enfants à Wilno (alors polonaise). Sutzkever commence à écrire en hébreu dès 1927 et publie ses premiers poèmes en yiddish dans le magazine du mouvement scout juif, Di bin (L’Abeille) ; c’est également à cette époque qu’il rencontre, puis épouse, Freydke. En 1933, il rejoint le groupe Jung Vilne (Jeune Wilno), une avant-garde d’écrivains et d’artistes yiddish. Il publie son premier recueil, Lider, en 1937 à Varsovie, où il se rend régulièrement. En 1939, Wilno, passée sous domination soviétique, accueille un grand nombre de juifs en fuite. Mais en 1941, les Allemands occupent la ville. Deux ghettos sont créés où plus de soixante mille juifs sont enfermés, et dont quelques centaines seulement survivront. C’est là que vécut Sutzkever jusqu’en 1943, ne cessant d’écrire et prenant une part active à l’organisation de la vie sociale et culturelle du ghetto. Il œuvre par ailleurs au sein de la « Brigade de papier » qui a sauvé de la destruction et des pillages allemands des milliers de livres et documents du patrimoine juif et mondial, qui furent cachés dans le ghetto et retrouvés après la guerre. En 1942, son fils nouveau-né est tué le jour de sa naissance. Puis c’est au tour de sa mère d’être assassinée par un nazi. Ayant pu s’échapper avec Freydke quelques jours avant la liquidation du ghetto en septembre 1943, ils rejoignent les groupes de partisans réfugiés dans les forêts alentour. Sur ordre de Staline, qui eut vent de sa poésie grâce à un manuscrit parvenu en URSS, Sutzkever et sa femme furent exfiltrés des forêts de Narotch par un hydravion soviétique le 12 mars 1944, puis conduits à Moscou, où Avrom prit la parole devant le Comité antifasciste juif, appelant « les juifs au combat et à la vengeance ». Ilya Ehrenbourg publiera un article sur lui dans la Pravda et l’invitera à participer au Livre noir, finalement interdit par Staline. En 1946, Sutzkever témoigne au procès de Nuremberg et, après un séjour à Moscou, il s’installe à Tel Aviv, en 1947. C’est là qu’il poursuit son œuvre et édite de 1949 à 1995, l’une des plus importantes revues de littérature yiddish, Di Goldene Keyt (La Chaîne d’or), fondant le groupe Yung Isroel, en hommage à Yung Vilne. En 1985, il obtient le Prix d’Israël pour l’ensemble de son œuvre. Le 20 janvier 2010 il s’éteint à Tel-Aviv, sept années après Freydke. Son œuvre est traduite dans plus de trente pays.

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