l'éclat

 

Couleur alchimique

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Considérez la diversité du monde et glorifiez-la!

Je me suis plongé dans l'alchimie après avoir lu les Etudes Alchimiques de Jung au début des années soixante-dix. Je ne sais pas ce qui m'a incité à lire ce livre. Peut-être les fascinantes illustrations de métaux, de rois et de reines, de dragons et de serpents. J'ai acheté et j'ai lu les textes originaux: La Monade hiéroglyphique et La conversation angélique de John Dee (j'ai utilisé ce titre pour mon film sur les Sonnets de Shakespeare*); Cause, Principe et Unité de Giordano Bruno; et De la Philosophie Occulte de Cornélius Agrippa, dont j'ai trouvé un exemplaire pour £5 à l'étal d'un marché – une première édition anglaise de 1651, à laquelle manquaient quelques pages. Les pages défectueuses ont été restaurées et le livre a été relié. La British Library veut me l'acheter – il est en bien meilleur état que leur exemplaire.

Le travail de Jung m'a servi pour écrire les poèmes de John Dee dans Jubilee*, et tout particulièrement le discours final. La signature des fleurs:

Je me suis signé avec un rameau de romarin, véritable alexipharmaque contre vos ennemis.

Voici les livres que Prospero* emporta avec lui sur son île. Le Pimander et les Hymnes Orphiques, les écrits de Plotin sur l'âme – Le De Vita (Ficin). Les Conclusions (Pico della Mirandola), Paracelse, Roger Bacon. Le Secret des Secrets, un best-seller du Moyen âge. La Philosophie occulte d'Agrippa, La Monade hiéroglyphique de Dee et L'Ombre des Idées (1592) de Bruno, qui fut brûlé pour hérésie (1600) au Campo de' Fiori à Rome. Le dernier des grands hommes à avoir été victime de l'Inquisition.

On croyait que la matière était mûe par l'âme, il a fallu attendre la science pour se débarrasser de cette idée. Le plomb, par exemple, était taciturne et mélancolique. Le Mercure, vif-argent, le miroir de la vie même. L'argent, féminin, comme Luna; Sol, le soleil, masculin et doré. L'or était le but de la quête, plus inspirée par la connaissance que par l'avidité. Dans cet univers, chaque chose avait sa place, bien que personne ne fût tout à fait d'accord sur leur ordre. La quête de l'or philosophal et incorruptible était un voyage de l'esprit, le métal le miroir du sauveur.

Les expériences bouillonnaient dans le Balneum Maria – le chaudron, ainsi nommé en l'honneur de Maria Prophetessa. Dans ses pélicans, les cornues de verre au long bec, l'Alchimiste poursuivait son objectif, ignorant la structure atomique de la matière.

Noir:

Le matériau de base était la Prima Materia, un chaos semblable aux eaux obscures de l'océan. Melanosis et nigredo.

blanc:

L'albédo calciné purifiant.

jaune:

Une autre étape, xanthosis.

pourpre:

Iosis, couleur de la royauté.

Poursuivant votre quête, vous traversiez la Mer Rouge.

La queue du paon, Cauda pavonis, était l'arc-en-ciel iridescent qui apparaissait dans le métal fondu:

Je suis le blanc du noir et le rouge du blanc et le jaune citron du rouge.

Le mercure était le maître des métaux. À la fois rouge et argent, il était le miroir et le chemin qui mène à la Conjunctio. On le considérait comme l'eau primordiale, à la fois guide et psychopompe. Dans la mesure où tous les métaux avaient une âme, il pouvait indiquer le chemin pour l'accomplissement de la tâche.

Le mot «alchimie» vient de l'arabe al-kimiya, lui-même dérivé de l'égyptien khem&Mac253; nom nom du bas-delta du Nil. Son histoire remonte jusqu'aux sages égyptiens, initiés à la magie, le long du chemin de la mortification, de la vie, de la mort et de la résurrection. C'était un monde des éléments, baignant sous l'influence des étoiles et des planètes, où le Temps même était dôté d'une âme, selon les décans.

Les couleurs sont des variétés de lumière, toutes les couleurs terrestres, comme le noir, la terre et le brun de plomb sont liées à Saturne. Les couleurs saphir, aériennes et celles qui sont toujours vertes, appartiennent à Mercure. Le pourpre, le sombre et le doré mélangés à l'argent appartiennent à Jupiter. Le sang rouge flamboyant et la couleur du métal appartiennent à Mars. Le safran doré et brillant colore le soleil et le blanc étrangement vert et les couleurs rubicondes appartiennent à Vénus. Les éléments ont aussi leurs couleurs. Ils ressemblent aux corps célestes en couleur, particulièrement les Choses Vivantes.

(Cornélius Agrippa, cit.)