l’éclat

Gershom Scholem:Le prix d'Israël

 

Glossaire

 

Nous avons répertorié ici les noms des personnalités, de mouvements et partis politiques ou des termes spécifiques de la tradition et de l’histoire juives auxquels se réfère Scholem dans ce volume. Ce glossaire succinct doit beaucoup à l’ouvrage édité par Denis Charbit, Sionismes, Albin Michel, Paris, 1998, qui constitue une somme sans précédent sur l’histoire du sionisme.

 

Agence Juive : créée en 1929, cette organisation avait pour but de favoriser l’émigration et le développement de la Palestine. Elle est encore active de nos jours.

Agoudat-Israël : mouvement orthodoxe non sioniste, créé en 1911 à Kattowice. Paradoxalement, Scholem adhéra à ce mouvement, afin de pouvoir étudier l’hébreu gratuitement. Il s’en explique dans «Entretien avec Gershom Scholem», Fidélité et Utopie, p. 26-27.

Ahad Haam (pseudonyme de Asher Guinsbourg) (Shvira 1856-Tel Aviv 1927). Théoricien du « sionisme culturel ». Il publia en 1889 un essai polémique intitulé «Ce n’est pas le chemin», analysant l’échec des premières tentatives d’établissement juif en Palestine. Ahad Haam (qui signifie «Un seul peuple») préconisait un travail éducatif en profondeur préalable à toute forme d’établissement politique ou économique. Il s’opposa à l’idée d’un État juif tel que le concevait Herzl, et œuvra à la constitution d’un «centre spirituel» juif en Palestine. Ses écrits ont été rassemblés sous le titre La croisée des chemins. «Je suis à cet égard un ahad-haamiste religieux», déclare Scholem dans Fidélité et Utopie, p. 55.

Akhdout-Ha-Avodah (Unité ouvrière) : parti sioniste socialiste fondé en 1919. Majoritaire au sein de la Histadrout, ce parti œuvra à la fusion des forces de gauche, réalisée en 1930 avec la fondation du parti socialiste Mapaï.

Aliyah (littéralement « montée»; pluriel aliyoth) : vagues d’émigration juive successives à partir de la fin du XIXe siècle.

Arlozorov, Haïm (Ukraine 1899-Tel Aviv 1933) : membre fondateur du Mapaï. Il fut représentant du Yishouv à la commission permanente de la SDN. En 1931 il est nommé au Comité exécutif de l’Agence juive, et meurt assassiné deux ans après.

Ben-Gourion, David (Plonsk (Pologne) 1886-Sdé Boker 1973) : Arrivé en 1906 lors de la deuxième aliyah, d’inspiration socialiste, il fut plusieurs fois Premier ministre travailliste et ministre des Armées entre 1948 et 1965. Co-fondateur de la Histadrout, il contribua à organiser l’armée de l’État d’Israël sur les bases de l’organisation militaire clandestine (la Hagana) qu’il créa également à l’époque du mandat britannique. Son pragmatisme politique le conduisit à certains compromis avec les différents courants de la société israélienne, et en particulier avec les mouvements religieux orthodoxes sur la question de l’identité juive (c’est à cela que fait allusion Scholem dans le texte «Qui est Juif ?»).

Berdichevsky, Micha Joseph (Podolie 1865-Berlin 1921) : écrivain et essayiste, il est une figure marquante de la renaissance littéraire hébraïque.

Bergmann, Hugo (Prague 1883-Jérusalem 1975) : philosophe. Il fut l’ami de Franz Kafka. Proche des idées de Martin Buber, Bergmann s’installa à Jérusalem après la Première Guerre mondiale. Il fut membre du Brit Shalom et conservateur de la Bibliothèque Nationale et universitaire de Jérusalem.

Blau-Weiss (Bleu-Blanc) : mouvement de jeunesse juif allemand fondé en 1912 et qui sera dissous en 1933. «C’était une version sioniste du Wandervogel, qui joignait au romantisme allemand celui du renouveau juif» (De Berlin à Jérusalem, p. 97).

Bourla, Yehouda (1886-1969) : écrivain et directeur du Département des affaires arabes de la Histadrout, il fut président de l’Association hébraïque des gens de lettres.

Brenner, Joseph Haïm (Ukraine 1881-Jaffa 1921): écrivain. Figure emblématique de la nouvelle littérature hébraïque, Brenner participa à la fondation de la Histadrout en 1920, mais conserva toujours ses distances par rapport à une forme d’engagement politique institutionnel. Il fut assassiné en 1921 lors des émeutes de Jaffa.

Brit Shalom («Alliance pour la paix») : ce mouvement, créé en 1925 par Arthur Ruppin, Martin Buber et d’autres membres de la toute nouvelle Université Hébraïque de Jérusalem, prônait une solution préalable du conflit juif-arabe en Eretz-Israël, sur le principe d’un État binational. Gershom Scholem et Hugo Bergmann en firent partie.

Congrès de San-Remo : c’est au congrès de San-Remo en avril 1920 que les puissances Alliés avalisèrent la promesse britannique contenue dans la «Déclaration Balfour».

Davar : quotidien de la Histadrout, fondé en 1925.

Déclaration Balfour : le 2 novembre 1917, le ministre des Colonies du gouvernement britannique, Lord James Balfour, adresse une lettre à Lord James de Rothschild, président de la communauté juive de Grande-Bretagne, par laquelle il «exprime sa sympathie» à l’idée de l’établissement d’un foyer juif national en Palestine.

Doubnov, Simon (1860-1941): auteur d’une monumentale Histoire du peuple juif. En dépit de ses sympathies sionistes, il n’en prôna pas moins l’idée d’un nationalisme juif au sein de la diaspora et ne voyait pas dans le regroupement des Juifs sur un territoire national une solution à la «question juive».

Galout : terme hébreu qui signifie l’exil, et désigne la diaspora.

Halakhah (racine: halakh: marcher) : ce terme désigne l’ensemble des discussions et préceptes législatifs, dont rend compte la littérature rabbinique et le Talmud en particulier. Elle est complétée par la Aggadah (pl. Aggadoth) qui concerne la partie narrative de cette littérature. C’est sur la base de la halakhah, dont il ne prévoit aucune possibilité de «mise à jour», contrairement aux courants conservateur ou libéral, que le judaïsme orthodoxe entend définir les règles de la vie juive.

haloutz (pl. haloutzim): pionnier. Les premiers membres du nouveau yishouv qui se consacrèrent au travail de la terre. C’est aussi le nom d’un mouvement de rénovateurs «anti-bourgeois», dont Scholem fut proche (voir Fidélité et Utopie, p. 44).

Histadrout : fédération générale des Travailleurs, fondée en 1920. Ben-Gourion en fut le premier secrétaire jusqu’en 1927. Elle fut le pivot de la vie sociale et économique en Israël jusqu’à la fin des années 80, et constitua un réseau de prestations sociales, d’institutions culturelles, d’organes de presse au bénéfice de ses adhérents.

Jabotinsky, Vladimir Zeev : voir «Révisionnistes».

Jung Juda («Jeune Judée»): groupe de jeunes sionistes radicaux allemands dont fit partie Scholem entre 1912 et 1917. Ils étaient opposés à la guerre, et la plupart émigrèrent en Israël dans les années vingt, où ils fondèrent le kibboutz Bet-Zera. C’est au cours d’une conférence organisée par la «Jeune Judée» que Scholem fit la connaissance de Walter Benjamin en 1915.

Klausner, Joseph (Lituanie 1874-Tel Aviv 1958) : historien, successeur d’Ahad Haam à la tête du journal Hasiloah5. Il fut nommé professeur de littérature hébraïque à l’Université de Jérusalem en 1925. Bien qu’à l’origine sympathisant du Mapaï, il n’en fut pas moins attiré par le révisionnisme de Jabotinsky. Il est également connu pour les travaux «pionniers » sur Jésus.

Livre Blanc : les «Livres Blancs» avaient pour fonction de définir la politique étrangère du gouvernement britannique en Palestine. Le premier fut rédigé par Churchill en 1922 et considérait le Jourdain comme frontière orientale du foyer national juif. Le deuxième, rédigé après les émeutes arabes de 1929 par Lord Passfied, fut annulé par une lettre du premier ministre britannique suite aux vives protestations de Haïm Weizmann. Un troisième livre blanc, rédigé en 1939, envisageait une restriction drastique de l’émigration juive en Palestine, et ses prérogatives ne furent annulés qu’en 1948 avec le départ des Britanniques.

Magnes, Yehuda L. (1877-1948) : rabbin d’origine américaine, installé à Jérusalem en 1922. Il fut membre du Brit Shalom et le premier doyen de l’Université Hébraïque de Jérusalem.

Mapaï (initiales de «Mifleget Poalei Eretz Israel » Parti des ouvriers d’Eretz Israël): ce parti, créé en 1930 à partir de la fusion de plusieurs organisations socialistes, devint la formation politique dominante du Yishouv, puis de l’État d’Israël jusqu’en 1969. Les principaux leaders de l’État ont été membres du Mapaï. Les Travaillistes actuels en sont, d’une certaine manière, les héritiers.

Révisionnistes : mouvement fondé en 1924 par Vladimir Zeev Jabotinsky (Odessa 1860-New York 1940). Il privilégiait la lutte nationale aux dépens des revendications sociales ou culturelles. Il s’opposa violemment au Mapaï et à la Histadrout, alors dominants, dont il proposait de « réviser » la politique. Partisan de l’établissement d’un État juif sur les deux rives du Jourdain et d’une lutte armée, il exigea qu’une discussion sur le «but final du sionisme» soit mise à l’ordre du jour du XVIIe congrès sioniste. N’y parvenant pas, il démissionna du Congrès sioniste et créa une organisation parallèle.

Ruppin, Arthur (Prusse 1876-Jérusalem 1943): juriste et fondateur du Brit Shalom. Il s’en sépara après les émeutes de 1929, étant en désaccord avec le mouvement sur la question de l’évaluation des chances d’un accord avec les Arabes (voir sa «Lettre à R. Weltch» dans Sionismes, p. 530).

Shertok, Moshé (Ukraine 1994-Jérusalem 1965): il fut l’un des dirigeants de l’Agence juive à partir de 1931 et prit la tête de la direction politique de l’Agence après l’assassinat d’Arlozorov. Il devint le premier ministre des Affaires étrangères de l’État d’Israël en 1948, sous le nom de Moshé Sharett.

Sokolov, Nahum (1859-1936): journaliste et personnalité modérée au sein de l’Organisation sioniste, il fut nommé Président de l’exécutif après le XVIIe congrès en 1931, pour faire barrage à la pression des Révisionnistes.

Talmid haham : «l’érudit et le sage». Il incarne le gardien de la vie spirituelle et culturelle dans la société juive traditionnelle.

Weizmann, Haïm (Pinsk 1874-Rehovot 1952): chimiste, il prit une part active aux différents congrès de l’Organisation sioniste et aux négociations avec le gouvernement britannique. Sa formation politique, «les Sionistes généraux», de tendance libérale, fut l’alliée du Mapaï. Il fut le premier Président de l’État d’Israël.

Yavnéli, Shmuel (1884-1961) : Proche de la Histadrout, il fut l’artisan de l’opération «Tapis volant», l’alyah des Juifs du Yémen en 1949-1950.

Yishouv : «établissement». C’est par ce nom que l’on désigne la population juive qui s’installe en Palestine à partir de la fin du XIXe siècle. On parle également du «vieux Yishouv» pour désigner la population juive qui y réside depuis plusieurs siècles par stricte observance religieuse (voir Yehoshua Ben-Arieh, Jérusalem au XIXe siècle, Éditions de l’éclat, Paris-Tel Aviv, 2003, p. 35).