l'éclat

 

lyber
commentaires

 

 

Manu a fait la remarque que le principe développé ici ne prévoit pas qu'un lecteur en ligne puisse envoyer de l'argent pour sa consultation SANS acheter le livre... En effet, on ne peut pas tout prévoir.

François Gèze (éditions la découverte) me dit que j'ai omis de préciser qu'il faudra également trouver des auteurs prêts à jouer ce jeu. A ce jour les auteurs de l'éclat contactés ont donné un accord de principe. Mais voir également la lettre de Charles Mopsik qui suit et qui pose un certain nombre de questions, même s'il précise bien que ce n'est qu'une ébauche de réponse et qu'elle sera complétée par la suite.

Charles écrit :
Je réfléchis à votre proposition. (...) J'hésite encore à prendre une position nette. Je ne suis pas sûr que libérer les droits d'auteur revienne à stimuler la production du savoir.[ Il ne s'agit pas de "libérer" les droits d'auteur, ni même de les supprimer. Le droit d'auteur s'applique au livre qui est commercialisé, et non à la version numérisée qui, elle, circule librement.] De plus, je me demande si le concept de gratuité mis en avant n'est pas biaisé à la base par le fait que les communications sur Internet ne sont, elles, pas gratuites et que l'on doit payer les connexions, abonnements aux télecoms, matériels informatiques, etc. Les auteurs pourraient sacrifier leurs droits si les fournisseurs de communications, télécoms et autres, sacrifient les leurs. Dans le cas contraire, c'est un marché de dupe, seul les actionnaires de ces énormes sociétés profiteront en termes économiques du travail des auteurs et/ou des producteurs de savoir. A première vue (sous réserve d'une lecture complète plus attentive), je dirais que les intérêts des producteurs de "contenu" me semblent mal défendus et que seuls les marchands de canaux ou moyens de transmission seront sauvegardés. On passerait d'une économie fondée sur les marchands de canons à une économie fondée sur les marchands de canaux (je n'ai pu résister au jeu de mots qui s'imposait de lui-même). Les "auteurs" (comme les artistes) se sont battus pendant des décennies au début de l'époque dite de la Renaissance pour obtenir la reconnaissance d'un droit d'auteur, et cela contre les princes et autres commanditaires. L'abolition des droits d'auteur serait un retour au moyen âge, [...encore une fois, pas d'abolition, mais sa seule application aux objets tangibles] pas très salutaire en matière de création et de production de savoirs nouveaux. La mythologie du pirate héroïque bravant les lois méchantes me semble un peu naïve. Je serais tenté de penser maintenant que les "auteurs" doivent se mobiliser pour lutter contre les tentatives de destruction des droits d'auteur qu'ils avaient arrachés aux dominants de haute lutte. Et il n'y a pas que la question des droits de copie, qui ne constitue qu'un aspect des choses, mais le "droit moral", reconnu par le droit français, mais inexistant dans le copyright anglo-saxon, me paraît une question essentielle. Tout cela pour vous dire que je suis un peu réticent à voir l'un des textes que j'ai rédigé publier sur un réseau numérique accessible par ceux qui ont la chance de pouvoir s'y connecter [Là encore il ne s'agit pas d'une seule édition numérique, mais d'un "mouvement" entre la version numérique et celle papier, d'où la nécessité d'un éditeur, même si la version en ligne peut être héberger sur n'importe quel site (page perso de l'auteur, ou site de l'éditeur)]. Je ne vois quère l'intérêt de l'existence d'un éditeur pour une telle publication, que les auteurs peuvent faire directement, sans aucun intermédiaire (sinon technique). Un éditeur n'a pas comme seul fonction la reproduction de textes, mais aussi et surtout la mise en condition de l'accès à ces textes. Une publication électronique ne devrait pas les dispenser de cette fonction. J'ajouterais encore une chose. Je suis un fervent adepte de la publication électronique, pour toutes sortes de raisons. Et Internet est essentiel pour ce type de publication. Mais à condition que les producteurs des textes (ou peintures, photos, musiques, etc.), soient leurs propres éditeurs, et ne délèguent plus cette tache à des sociétés commerciales, qu'ils prennent en charge et en main seuls ou en groupe le travail de publication électronique qui est à leur portée. Un "catalogue" de publication électronique ne devrait être qu'une sorte de portail, qu'un index qui répertorie les publications faites par les producteurs. La libre disposition des productions culturelles par les internautes est une duperie, qui encourage la paresse et ne stimule en rien la création. Je ne suis pas d'accord pour qu'un internaute puisse avoir le droit de reproduire tout ce que j'écris sans mon accord préalable. Qu'est-ce qu'une publication de mes écrits par un tiers sous une forme électronique peut leur ajouter? Rien. Je suis en mesure de publier mes propres productions moi-même, dans le site qui me convient ou que je réalise moi-même. Pourquoi un intermédiaire? Ce n'est pas le cas pour les publications sur papier, dont je ne peux assurer une partie de la chaîne de reproduction.
Je réflichis à tout cela. (...) Je crains que seul france-telecom tire un réel bénéfice financier de la mise en ligne du contenu du catalogue des éditions de l'éclat, à moins que vous ne trouviez un financement par la publicité. [Pas question! Le financement se fera par la vente des livres, comme par le passé, mais avec une 'communauté' de lecteurs peut-être plus en contact avec notre production.] Mais dans ce cas, il faudrait revoir attentivement la question des droits d'auteurs, y compris de la partie "droit moral".

Au plaisir de vous lire,

Charles (R)



Un libraire au téléphone, qui a décidé de boycotter les livres de l'éclat dans sa librairie : «Vous nous prenez pour des cons...» Mais est-ce vraiment le Lyber qui met en danger la librairie, ou des éditeurs online qui vendent du «Père Goriot» téléchargeable à 20 francs? Réponse dans 5 ans. En attendant vous trouverez la liste de ceux qui ne boycottent pas l'éclat en cliquant ci-dessous sur "librairies". Dépêchez-vous ça risque de devenir une "peau de chagrin en ligne"! (R)