ALFRED KORZYBSKI
UNE CARTE N'EST PAS LE TERRITOIRE


 

LA SÉMANTIQUE GÉNÉRALE

Vers un nouveau système général d'évaluation et de prédictibilité pour la résolution de problèmes humains

SOMMAIRE

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La sémantique générale – Le terme Sémantique générale est forgé par Alfred Korzybski en 1933 pour désigner sa théorie générale de l'évaluation qui, mise en application, accède au statut de science empirique, par des méthodes favorisant l'ajustement humain en général, dans les sphères personnelle, publique et professionnelle. Plus largement, ses travaux le conduisent à formuler un nouveau système dont la Sémantique générale est le modus operandi. Cette théorie est présentée pour la première fois dans son ouvrage Science and Sanity : An Introduction to Non-Aristotelian Systems and General Semantics [Science et sanité : une introduction aux systèmes non-aristotéliciens et à la Sémantique générale].

Qu'est-ce qui fait que les humains sont humains ?

Après la première guerre mondiale, Korzybski et quelques autres entreprennent d'analyser les facteurs qui ont contribué à précipiter un tel désastre humain, se rendant compte que certaines révisions conceptuelles fondamentales sont devenues indispensables. En étudiant les questions relatives à la 'nature humaine', Korzybski découvre qu'il faut impérativement réviser les vieilles notions concernant les humains, notions héritées des primitifs et codifiées par les anciens Grecs; il formule une nouvelle définition fonctionnelle de l''homme' sous l'angle des sciences de l'ingénieur, de l'histoire et de l'épistémologie, définition riche d'implications d'une très grande portée. [Cf. infra, l'explication de l'usage des guillemets simples au chapitre«Procédés Extensionnels».] Il devient nécessaire d'étudier pour la première fois les potentialités des humains, sans se fier aveuglément à des données statiques tirées de statistiques de réalisations humaines passées, approche reconnue aujourd'hui comme peu sûre, voire fallacieuse. Telle est la thèse du premier ouvrage de Korzybski, Manhood of Humanity: The Science and Art of Human Engineering [L'Âge d'homme de l'humanité : la science et l'art de l'ingénierie humaine] (1921).

Délaissant les dogmes mythologiques, il s'interroge : «Quelle est la caractéristique spécifique des humains qui en fait des humains?» Il observe qu'à la différence des animaux, chaque génération humaine a la capacité potentielle de repartir du point où la génération précédente s'est arrêtée. Il analyse les processus neurologiques et socio-culturels qui permettent aux hommes de créer, de conserver et de transmettre ce qu'ils ont appris individuellement au profit des générations futures. Il nomme cette capacité neurologique spécifique le time-binding.

L'ingénierie humaine

Korzybski observe que la structure de nos formes de représentation (langages, etc.) joue un rôle déterminant dans l'histoire des cultures humaines et, avec son point de vue pratique d'ingénieur, il s'interroge: «Comment se fait-il qu'en règle générale des structures bâties par des ingénieurs ne s'effondrent pas ou que lorsqu'elles s'effondrent, on décelle facilement les erreurs d'ordre physico-mathématique ou d'autres erreurs d'évaluation, alors que sporadiquement des systèmes politiques, économiques, sociaux, etc., eux aussi produits par des humains, s'effondrent sous l'impulsion de guerres, de révolutions, de dépressions financières, de chômage, etc.?» Et cette question en entraîne une autre: «Comment, d'un point de vue neurologique, les ingénieurs s'y prennent-ils lorsqu'ils construisent des ponts, etc.?» Sa réponse: «Ils utilisent un langage spécial, restreint mais 'parfait', appelé mathématiques, langage dont la structure est similaire à celle des faits dont il rend compte, et qui par conséquent produit des résultats empiriques prédictibles.» Il examine alors comment s'y prennent, d'un point de vue neurologique, les bâtisseurs des structures sociales, économiques, politiques, et d'autres structures humaines instables, et découvre qu'ils emploient des langages (c'est-à-dire des formes de représentation) dont la structure n'est pas similaire aux faits de la science et de l'existence tels que nous les connaissons aujourd'hui. Par conséquent, leurs résultats ne peuvent pas être prévus, ce qui entraîne un certain nombre de catastrophes. Bien que les principaux faits historiques soient connus, des solutions aux problèmes humains sont bloquées par des dogmes pré-scientifiques, mythologiques, métaphysiques qui ont fait et font encore obstacle à la possibilité de retrouver les erreurs fondamentales.

L'origine de la Sémantique générale

La résolution d'un tel problème impose de manière évidente que soit formulé un système général, fondé sur des méthodes physico-mathématiques d'ordre, de relation, etc., rendant possibles des évaluations appropriées et donc une prédictibilité. La première étape consiste à réviser la perspective primitive considérant les humains comme des organismes simplement biologiques, au même niveau que les animaux, et non comme des organismes psycho-biologiques plus complexes produisant leurs propres environnements socio-culturels, leurs sciences, leurs civilisations, etc. Même le plus 'intelligent' des singes n'en a jamais fait autant. L'étape suivante consiste à intégrer méthodologiquement ce qui est déjà connu, et à élaborer des formulations générales, pouvant être enseignées, pour traiter les facteurs de plus en plus nombreux et complexes des inter-relations psycho-biologiques humaines contemporaines. Pour venir à bout de tels problèmes, il faut examiner les environnements neuro-linguistiques et neuro-sémantiques en tant qu'environnements. Le terme sémantique fut introduit dans la littérature linguistique par le français Michel Bréal, en 1897. Il est dérivé du grec semainein («vouloir dire, signifier»), mais Bréal mit l'accent sur la signification au niveau verbal. Lady Welby, sa contemporaine, introduisit une théorie appelée Signifique, évaluation de la «signification» de Bréal qui tient toutefois davantage compte de l'organisme. En 1933, Korzybski appelle sa théorie «Sémantique générale», parce qu'elle traite des réactions nerveuses de l'organisme humain considéré comme-un-tout-dans-des-environnements, qu'elle est beaucoup plus générale et tient plus fondamentalement compte de l'organisme que les «significations» des mots en tant que telles, ou que la Signifique. Cette théorie est dite «non-aristotélicienne», parce que tout en englobant le système aristotélicien, encore prédominant, comme un cas particulier, sa formulation est plus vaste et plus générale pour pouvoir correspondre au monde et à la 'nature humaine' tels que nous les connaissons aujourd'hui, et non tels qu'Aristote les connaissait aux environs de 350 av. J.-C. Les postulats aristotéliciens ont influencé le système euclidien, et tous deux sous-tendent le système newtonien qui leur est postérieur. Le premier système non-aristotélicien tient compte des données complexes récemment découvertes dans tous les domaines, et trouve un parallèle méthodologique interdépendant dans les derniers développements non-euclidiens et non-newtoniens en mathématiques et en physique mathématique, qui ont aussi permis le recours à l'énergie nucléaire, comme, par exemple, pour la bombe atomique.

Cette perspective générale, révisée et élargie, impose de réformer en profondeur les méthodes pédagogiques, oblige au décloisonnement de l'enseignement, etc., ce qui ne devient possible qu'après que les sciences exactes et les orientations humaines générales ont été unifiées au travers d'une synthèse méthodologique satisfaisante. Reposant sur des méthodes (physico-mathématiques) scientifiques modernes et sur les fondements des mathématiques, cette unification incorpore des techniques simples, pratiques et élémentaires, qui peuvent être appliquées à n'importe quelle entreprise humaine, y compris à l'éducation des jeunes enfants.

 

mécanismes psycho-logiques
du comportement humain

Tout en formulant cette synthèse, il devient évident que pour comprendre le fonctionnement du système nerveux humain comme-un-tout, il faut dégager la méthode de ce fonctionnement nerveux d'exemples (1) de ce que le comportement humain produit de meilleur (les mathématiques, etc.) et (2) de pire (les désordres psychiatriques). Il s'avère qu'aux deux extrêmes, les mécanismes psycho- logiques sont similaires, différant non point en nature mais en degré, et que les réactions de la plupart des personnes se situent quelque part entre les deux.

Désorientation espace-temps dans les désordres psychiatriques

L'observation générale des réactions humaines quotidiennes montre que nombre de personnes 'normales' sont plus ou moins désorientées dans l'espace-temps. Les patients des hôpitaux psychiatriques présentent souvent des désorientations aiguës relatives au «qui», au «où», et au «quand». En fait, dans le monde entier, ce sont les premières questions que l'on pose aux patients qui entrent dans ces hôpitaux, et leurs réactions fournissent de nombreuses indications sur la gravité de leur maladie. Même des individus 'normaux' moyens réagissent souvent comme si certaines situations, événements, etc., ici (par exemple à Chicago) et maintenant (par exemple en 1947), avaient une valeur identique à certains autres incidents, événements, situations, etc. qui se sont produits ailleurs (par exemple à Seattle) quelques années plus tôt (par exemple en 1926). Ces personnes restent inconscientes de ces différences fondamentales dans l'espace-temps, et sont donc incapables de se comporter en conséquence, leurs réactions se maintenant au niveau infantile ; elles sont donc nécessairement mal-ajustées à leur situation actuelle (de 1947).

Les médecins familiarisés avec la Sémantique générale traitent souvent de tels cas avec succès, appliquant ces nouvelles méthodes extensionnelles en psycho-thérapie pour éliminer l'identification du passé avec le présent, etc., réorientant ainsi l'individu dans l'espace-temps. De nombreuses observations indiquent que les techniques d'orientation générale fondées sur un ordonnancement espace-temps physico-mathématique, etc., facilitent la compréhension des problèmes humains les plus complexes. En même temps, elles ouvrent la voie à des mesures éducatives neuro-préventives destinées à lutter contre les mal-ajustements socio-culturels graves et indiquent qu'il est possible d'élaborer une nouvelle anthropologie appliquée, ainsi qu'une nouvelle écologie humaine qui prenne en considération nos environnements neuro-sémantiques et neuro-linguistiques en tant qu'environnements.

Orientation espace-temps en mathématiques

L'étude des mathématiques en tant que forme de réactions neuro-linguistiques conduit à une nouvelle définition du nombre en termes de comportement humain et de relations, définition qui s'applique aussi bien aux niveaux verbaux qu'aux niveaux non-verbaux. Cette nouvelle définition résout les problèmes d'infini mathématique, révèle le caractère fictif des nombres transfinis, etc.

Jusqu'en 1933, aucune définition du nombre n'avait été formulée, qui permît d'expliquer sa nature, celle de la mesure, etc., et qui rendît compte de l'exceptionnelle justesse et du haut degré de prédictibilité des résultats obtenus par des méthodes mathématiques. L'ancienne définition du nombre en termes de «classe de classes» produisait des résultats formulés dans les mêmes termes, ce qui n'expliquait rien. La nouvelle définition du nombre comme relations asymétriques, spécifiques et uniques produit des solutions en termes de ces mêmes relations, ce qui révèle une structure. La structure étant, comme on le sait, le seul contenu de la connaissance humaine, et la science non-aristotélicienne des mathématiques traitant uniquement de relation et donc de structure, le vieux mystère, «pourquoi les mathématiques et la mesure», est résolu ; l'exceptionnelle validité des méthodes mathématiques est expliquée, qu'elles soient appliquées aux mathématiques elles-mêmes, à d'autres sciences ou aux problèmes humains de l'existence.

 

prémisses de la sémantique générale

 

Les prémisses du système non-aristotélicien peuvent être exprimées par la simple analogie de la relation d'une carte avec le territoire :

1) Une carte n'est pas le territoire.
   2) Une carte ne représente pas tout le territoire.
   3) Une carte est auto-réflexive, en ce sens qu'une carte 'idéale' devrait inclure une carte de la carte, etc., indéfiniment.

Appliquées à la vie courante et au langage, les prémisses s'expriment ainsi :

1) Un mot n'est pas ce qu'il représente.
   2) Un mot ne représente pas tous les 'faits', etc.
   3) Le langage est auto-réflexif, en ce sens que nous pouvons, dans le langage, parler à propos du langage.

Aujourd'hui cependant, nos réactions habituelles sont encore fondées sur des postulats inconscients, pré-scientifiques et primitifs qui, mis en pratique, violent le plus souvent les deux premières prémisses et méconnaissent la troisième. Les mathématiques et la Sémantique générale sont les seules exceptions.

L'auto-réflexivité

La troisième prémisse naît de l'application à la vie courante des travaux extrêmement importants de Bertrand Russell, qui donna ses lettres de noblesse à l'auto-réflexivité, quand il tenta de résoudre des contradictions mathématiques par sa théorie des types mathématiques. Nous pouvons parler (verbaliser) à propos d'une «proposition à propos de toutes les propositions», mais en pratique nous ne pouvons pas produire une proposition à propos de toutes les propositions, puisque, ce faisant, nous donnons effectivement naissance à une nouvelle proposition, et nous tombons alors dans des contradictions sans fin. Russell a très justement qualifié de «totalités illégitimes» les produits de ces performances verbales pathologiques. Nous autres humains, nous avons longtemps vécu avec ces sur-généralisations inconscientes, sans grands résultats.
Appliquée par Korzybski à notre vie courante, l'auto-réflexivité introduit des facteurs neuro-linguistiques importants pour l'ajustement et la maturité humaines, à savoir les principes des différents ordres d'abstractions, la multiordinalité, la circularité de la connaissance humaine, les réactions d'ordre second, les réactions différées ordonnées dans l'espace-temps, l'intégration thalamo-corticale, etc.

La conscience d'abstraire

À leur tour ces principes aboutissent à une conscience d'abstraire générale comme fondement nécessaire pour parvenir à la maturité socio-culturelle. Ceci produit, entre autres, un moyen pour éliminer une fausse connaissance active, dont on sait qu'elle est génératrice de mal-ajustements. On découvre dans le même temps qu'une simple ignorance passive est souvent impossible chez les humains, et qu'elle devient une connaissance inférentielle active, susceptible d'attribuer dogmatiquement une certaine 'cause' fictive à des 'effets' observés – c'est le mécanisme des mythologies primitives. Cependant, lorsqu'elle est consciemment reconnue comme telle, la connaissance inférentielle forme la connaissance hypothétique de la science moderne et cesse d'être un dogme.

 

procédés extensionnels

 

Pour acquérir cette conscience d'abstraire convoitée, des évaluations plus appropriées, etc., certaines techniques sont directement empruntées aux méthodes physico-mathématiques modernes, techniques dont l'usage s'avère empiriquement efficace et d'une valeur préventive appréciable, en particulier sur le plan de l'éducation des enfants. Korzybski nomme procédés extensionnels les moyens suivants :

Les indices, pour nous entraîner à une conscience des différences dans les similarités, et des similarités dans les différences, comme dans Dupontl, Dupont2, etc.
Les indices-en-chaîne, pour indiquer les interconnexions des événements dans l'espace-temps, où une 'cause' peut avoir une multitude d''effets' qui, à leur tour, deviennent des 'causes' et introduisent aussi des facteurs d'environnement, etc. Exemples : Chaise11 [Note : lire chaise «un» «un»] dans un grenier sec diffère de Chaise12 dans une cave humide ; un simple événement survenu dans l'enfance d'un individu peut colorer ses réactions (réactions-en-chaîne) pour le reste de ses jours, etc. Les indices-en-chaîne traduisent aussi les mécanismes des réactions-en-chaîne qui opèrent de façon très courante en ce monde, y compris dans l'existence et dans l'environnement socio-culturel extrêmement complexe des humains.

Les dates, pour donner une orientation physico- mathématique dans un monde espace-temps de processus.

Et caetera (etc., qui peut être abrégé en une double ponctuation comme ., ou .; ou .:), pour nous rappeler en permanence la deuxième prémisse: «pas tout» – pour nous entraîner à une conscience des caractéristiques laissées de côté, et pour nous rappeler indirectement la première prémisse: «n'est pas» – pour développer une flexibilité et un plus grand degré de conditionnalité dans nos réactions sémantiques.

Les guillemets simples, pour nous avertir que nous ne pouvons pas nous fier à des termes métaphysiques ou élémentalistes et que des spéculations fondées sur ces termes sont fallacieuses.

Les traits d'union, pour nous rappeler la complexité de l'interrelation en ce monde.

Les nouvelles implications structurelles du trait d'union

Le trait d'union représente de nouvelles implications structurelles :

(1) dans espace-temps, il révolutionne la physique, transforme toute notre vision du monde et fonde les systèmes non-newtoniens ;
(2) dans psycho-biologique, il marque nettement la différence entre les animaux et les humains, fondement de l'actuel système non-aristotélicien ;
(3) dans psycho-somatique, il transforme lentement l'appréhension et la pratique de la médecine, etc. ;
(4) dans socio-culturel, il témoigne du besoin d'une nouvelle anthropologie appliquée, d'une écologie humaine, etc. ;

(5) dans neuro-linguistique et neuro-sémantique, il souligne que nous n'avons pas affaire à du simple verbalisme, mais à des réactions humaines vivantes. Etc., etc.

Oublieux des implications structurelles, certains spécialistes cloisonnés continuent à s'isoler d'un côté ou de l'autre du trait d'union, comme si leurs spécialités étaient réellement des entités séparées. En éliminant le trait d'union structurel de termes tels que «psycho-biologique» (i.e. «psychobiologique») et «psycho-somatique», etc., on fait croire au public qu'il s'agit de questions simples, alors que leur complexité s'est aujourd'hui accrue jusqu'à dépasser l'entendement des professionnels eux-mêmes. Dans certaines sciences, des solutions ont déjà été trouvées (conduisant aux orientations méthodologiques que la révision non-aristotélicienne généralise), et sont souvent représentées par le trait d'union, tandis que dans d'autres, le laborieux processus de réexamen est toujours en cours. Ainsi la physique est-elle passée des formulations élémentalistes scindées d''espace absolu' et de 'temps absolu', héritées d'Aristote, d'Euclide et de Newton, à l'espace-temps intégré non-élémentaliste d'Einstein-Minkowski, ce qui a permis des progrès considérables. En médecine, par contre, on commence tout juste à s'intéresser aux problèmes psycho-biologiques et psycho-somatiques, ce qui appelle une réévaluation complète des disciplines existantes.

 

applications des formulations

 

Les formulations du premier système non-aristotélicien cristallisent les tendances épistémologiques, scientifiques et historiques s'accumulant depuis plus de deux mille ans; elles fournissent des méthodes destinées à être enseignées et mises en pratique de façon générale, favorisant ainsi avec une meilleure efficacité le plein développement des potentialités humaines et donc la maturité de l'humanité. La méthode scientifique (1947) doit être générale et s'appliquer à n'importe quelle tranche de l'existence ou de la science. On ne peut mentionner ici qu'un nombre restreint d'exemples des domaines nombreux et variés où la Sémantique générale a déjà prouvé son utilité :

(1) Les fondements des mathématiques, et donc leurs méthodes d'enseignement, ont été révisés.
   (2) Au Sénat américain, la Commission des Affaires Navales a discuté des nouvelles méthodes à propos (a) du problème de la recherche scientifique nationale ; (b) d'une évaluation scientifique de la fusion de l'Armée de Terre et de la Marine ; (c) de l'entraînement des officiers de la marine, au sujet duquel le Capitaine J. A. Saunders a recommandé que tous les officiers de l'Armée de Marine soient formés aux nouvelles méthodes.

D'autres applications ont été entreprises :

(3) pour introduire les causes et les débats dans les tribunaux;
   (4) pour soulager l'épuisement des combattants sur le théâtre des opérations en Europe, par le Lieutenant-Colonel Douglas M. Kelley, M. C., sur plus de 7.000 cas ;
   (5) pour le diagnostic en médecine psycho-somatique, et comme une aide dans le conseil et la psycho-thérapie individuelle ou de groupe ;
   (6) pour traiter le bégaiement ;
   (7) pour aider à surmonter des difficultés de lecture ;
   (8) pour éliminer le trac.
   Etc., etc.

Et surtout peut-être, des applications ont porté sur les méthodes et le contenu de l'éducation à tous les niveaux, de la maternelle au collège et à l'université. Si cette liste partielle semble impressionnante, il faut se rappeler qu'une méthodologie scientifique doit nécessairement être de portée universelle pour avoir une utilité optimale.

Cet article a paru dans l'American People's Encyclopedia, vol. 9, Spencer Press, Chicago, 1949, pp. 357-362. Il date de 1947. Une précédente traduction française, par J. Bulla de Villaret, a fait l'objet d'une diffusion confidentielle en 1964.

 

 

bibliographie

 

Korzybski, A. : Manhood of Humanity : The Science and Art of Human Engineering (1921, 1947)

Keyser, C. J. : «Kozybski's Concept of Man», Mathematical Philosophy (1922, 1946)

Korzybski, A. : Science and Sanity : An Introduction to Non-aristotelian Systems and General Semantics (1933, 1947)

Hayakawa, S. I. : Language in Action (1939, 1941)

Lee, I. J. : Language Habits in Human Affairs : An Introduction to General Semantics (1941, 1946)

Kendig, M. : éd., Papers from the Second American Congress on General Semantics (1943)

Murray, E. : The Speech Personality (1944)

Paul, W. B., Sorenson, F. et Murray, E. : «A Functional Core for the Basic Communications Course», Quart. Jour. Speech (Avril 1946)

Johnson, W. : People in Quandaries : The Semantics of Personal Adjustment (1946)