éditions de l'éclat, philosophie

EMMANUEL FOURNIER
CROIRE DEVOIR PENSER


 

 

 

 

Études

pour doute et conscience,

engagées à l'infinitif,

sans désigner d'objets, de fondements ou de buts premiers,

pour ne pas déterminer les choses d'avance

par trop de –présomptions

et ne rien se cacher malgré soi,

 

disposées sans ordre arrêté

dans un système de –compositions-substitutions,

où chaque question puisse être examinée comme

un objet pour les autres questions,

et qui serve de repère pour interroger

bien méthodiquement,

 

où il est question

de douter, de croire et de savoir,

de pouvoir et de manquer,

de finir,

de changer et de vouloir,

de devoir, de servir et de se libérer.

 

Annotation

 

Un mouton m'appelle.
Dois-je y aller ?
Mais que faire des autres ?

 

 

 

Il nous arrive parfois d'espérer répondre aux questions que nous nous posons. Mais nous pouvons aussi nous donner d'autres fins à poursuivre. Et non seulement en philosophie. La félicité, la vérité, la liberté, etc., ou même la tranquillité. Car nous ne savons pas choisir a priori entre les fins. Ni y renoncer. Et si nous choisissions dès le commencement, nous nous demanderions encore si nous nous sommes véritablement questionnés. Voilà à quelle ironie il faut s'attendre quand on se laisse prendre à délier la pensée. On se perd en pensant, et on croit devoir penser davantage pour trouver son Ariane.

 

Ainsi nous nous engageons en même temps, malgré tout, dans les diverses questions que nous nous posons. Ou que nous posent la vie, la réalité, la pensée, etc., et même la langue. Comme si nous n'étions pas déjà assez libres de penser. Aussi, quand nous voulons examiner comment se forment et se relient toutes ces questions, nous devons commencer par les former et les relier d'une manière qui montre bien d'elle-même comment elle les forme et les relie. Quitte à nous provoquer ainsi à penser à nouveau. Comme cela, on peut finir par se faire une bonne philosophie. Car en formant pas à 'pas ce qu'on pense, et en pensant de nouveau à le voir formulé, on peut espérer ne pas être dupe de ce qui se fait. Et d'un pas à l'autre, en s'appuyant là pour douter ici, on peut imaginer s'interroger de fond en comble. Au risque de ne jamais achever. Car il doit toujours rester quelque chose qu'on pense sans le savoir, ou sans le vouloir. Quelque chose qu'on puisse voir comme un objet de pensée. Ou alors une manière de penser. Ou une croyance qui nous sépare. Ou une fin qui nous échappe. Sinon nous croyons ne pas penser.

 

 

Ouessant, janvier 1996

 

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