NOTES 21
«Le YAKA rend possible les querelles, les disputes, les batailles et la guerre», p. 170.

Depuis l'apparition de l'IBU, on n'a pas cessé de se préoccuper de lui et de se poser des questions telles que: l'homme est-il violent ou non-violent, est-il 'bon' ou 'mauvais' par 'nature' (on n'a pas cessé de se préoccuper également de la 'nature'). Toutes les définitions de cet être étrange appelé 'homme', spécialement les définitions 'humanistes' et positivistes ont toujours eu des conséquences catastrophiques. Si l'homme est bon, que faut-il faire de ceux qui (exceptionnellement bien sûr) sont mauvais? La solution historique a été de les placer dans des camps et de les rééduquer. Si cela ne réussit pas (on leur avait pourtant laissé une chance), on les met dans des asiles psychiatriques, on les tue, on les gaze ou on les brûle. Thomas More était un humaniste mais, dans son utopie, il voulait punir l'adultère de la peine de mort. Dans ces conditions, on préfère ne pas être humaniste. L'IBU peut être violent, il peut avoir du plaisir à attaquer directement d'autres IBUs. Il n'existe pas d'IBU normal.

C'est de la démagogie que de vouloir expliquer le phénomène des guerres modernes par l'existence de la violence interpersonnelle. Les guerres modernes ont bien plutôt leur origine dans la répression générale de la violence directe. Rien n'est plus paisible, non-violent et aimable que l'intérieur d'une armée. Les soldats s'entr'aident, partagent leur nourriture, se soutiennent moralement, sont de 'bons camarades'. Toute leur violence est manipulée et dirigée contre l'ennemi. Et même dans ce cas, les sentiments ne sont pas très importants. La guerre est devenue une procédure bureaucratique, industrialisée et anonyme de désinfection de masse. La haine et l'agressivité ne pourraient que gêner les techniciens de la guerre moderne et même les empêcher de faire la guerre. La guerre n'est pas fondée sur la logique de la violence et des sentiments, mais sur la logique des États, de l'économie et d'organismes hiérarchiques. Sa forme devrait plutôt être comparée à la médecine: s'occuper sans émotion de corps qui fonctionnent mal. (On peut d'ailleurs comparer les terminologies: opérations, interventions, désinfections. Sans parler des hiérarchies parallèles: infirmières = soldats, assistants médecins = sous-officiers, etc.)

Mais si, par guerre, on entend une violence directe et passionnée, alors le YAKA est un moyen de la rendre de nouveau possible. Possible, car elle ne sera pas nécessaire et elle ne pourra donc jamais prendre des dimensions catastrophiques. C'est sans doute pour la même raison que Callenbach introduit dans son Ecotopie des rituels guerriers de style néolithique. Mais ils ont lieu en dehors de la vie quotidienne et constituent des expériences supervisées officiellement. Les 'vraies' guerres comme celles qui sont possibles avec le YAKA ne sont pas compatible avec Écotopie. Et, bien sûr, les femmes sont exclues de ces jeux guerriers, car elles sont non-violentes par nature. Un autre mythe de mâles ...