éditions de l'éclat, philosophie

ANTHOLOGIE DE L'ASSOCIATION
DES ASTRONAUTES AUTONOMES
QUITTER LA GRAVITÉ


 




La tête en terre et les pieds sur les étoiles
ou L'espace intersidéral et le spectre du temps

Désir Clinique, Voyageur du Temps
Paris, juillet 2001

3
CRITIQUES
ET SPÉCULATIONS

 

«Pour que l'essence de la technique advienne à sa liberté l'homme est, il est vrai, requis à son tour. Mais l'homme est ici requis en son essence en tant que celle-ci répond à cette libération. C'est pourquoi l'essence de l'homme doit d'abord s'ouvrir à l'essence de la technique, ce qui est radicalement autre que, pour les hommes, acquiescer à la technique et la promouvoir. Mais afin que l'être-homme devienne attentif à l'essence de la technique, afin qu'entre la technique et l'homme se fonde, quant à leur essence, une relation qui leur soit essentielle, l'homme des temps modernes doit avant tout retrouver son chemin dans toute l'ampleur de l'espace qui lui est essentiel. Cet espace essentiel de l'être-homme ne reçoit la dimension qui l'ajointe que de la connexion selon laquelle la garde de l'être lui-même est remise en propre à l'essence de l'homme en tant que son être-homme est ce que l'être requiert. S'il en est autrement, c'est-à-dire si l'homme ne s'installe pas d'abord lui-même et en premier lieu dans son espace essentiel et n'y prend pas demeure, l'homme n'est capable de rien d'essentiel à l'intérieur du destin régnant à présent.»
Martin Heidegger, «Le Tournant (Die Kehre)» (1949), dans Questions IV, Paris, 1976, p. 145.

 

L'AAA est un réseau spectral mondial de groupes locaux consacrés au lancement de programmes d'exploration spatiale indépendants. Ce collectif fantôme, dont nul ne pourrait parvenir à démontrer l'existence réelle, pas même ses membres, définit l'exploration spatiale non comme un néocolonialisme des astres, mais bien plus comme une errance hasardeuse et festive dans l'espace intersidéral. Tranchant net dans la confusion contemporaine entre émancipation des conditions sociales historiques de l'aliénation capitaliste et pure et simple fuite sans espoir hors de ces conditions, les astronautes autonomes font œuvre d'art dans l'émancipation et dans la fuite. Bien que le rejet des programmes spatiaux gouvernementaux, militaires et corporatistes, officiels ou non, ne se soit bien souvent fondé sur aucune autre analyse que l'application aveugle et souvent maladroite de concepts issus des principales théories de la critique sociale des deux derniers siècles, les astronautesautonomes, même les plus sérieux, n'ont au fond eu que faire de la théorie. Ils se sont naïvement amusés avec toutes. Cette naïveté a fait la grandeur de l'AAA, en soutenant son impétuosité d'une fraîcheur printanière tout en posant dès le départ les limites de sa pratique. Les astronautes autonomes ont ainsi organisé leurs discours sur des concepts coupés de leur base réflexive matérialiste, leurs fondements ayant été purement et simplement effacés, toute critique de la production étant reléguée à l'arrière-plan d'une critique dont le cheval de bataille aura été la «Guerre de l'Information». Certains, oubliant jusqu'à leur propre qualité d'êtres de matière, ont été séduits par divers mysticismes et métaphysiques de la «communication». S'efforçant de penser chaotiquement dans toutes les dimensions du possible, et même au-delà («Seuls ceux qui tentent l'impossible atteindront l'absurde», plutôt que de tenter l'absurde et d'atteindre l'impossible…) en s'adonnant aux plaisirs du hasard, les membres de l'AAA ont progressivement ignoré leur dépendance à ce monde qu'ils rejettent, en tant que corps de matière dont la pensée appartient à une époque historique de la culture.

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L'Ordre du Temple Solaire aura été la première organisation politique à réaliser radicalement un vol spatial autonome par la fuite de ses membres en Gravité Zéro absolue, ce qui voulait dire alors par la pure et simple destruction de leurs corps. Cet exemple n'est pas à suivre, car il n'y a pas de Gravité Zéro. Tout corps (-1) a une masse. L'absence de gravité, c'est la Mort. Tout individu humain est un corps sensible qui pense. Il n'y a pas d'autre corps sans masse que le corps de lumière du photon, insensible et insensé, et le corps sans lumière du neutrino, impalpable chimère matérielle de la physique contemporaine.

Expérimentant tous les moyens qui leur étaient donnés, les astronautes autonomes n'ont retenu de la drogue que l'illusion d'apesanteur qu'elle procure, quand ils auraient pu, comme Théophile Gautier, phagocyté par la terre, s'enfoncer plus profondément en le sol sur lequel s'inscrivent leurs corps sensibles. Ils critiquent la marchandise en ne voyant plus que sa participation à l'exercice d'une violence symbolique. Cette croyance immatérialiste en la puissance autonome du symbolique, que concrétise ici la notion d'«agir elliptique» (voir infra, et ci-dessous), proche de l'inconscient freudien, est le fruit de l'aliénation du désir des astronautes autonomes eux-mêmes à encore suivre les tracés de parcours admis. Comme l'inconscient, avec cette grande différence que l'inconscient ça ne se souhaite pas, l'agir elliptique maintient les individus dans l'ignorance de ce qui les conditionne.

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Le symbole de l'homme volant, du corps-sans-gravité, auquel adhèrent les astronautes autonomes, est sous condition du grand mythe de l'autonomie de la science, autonomie dont il faut supposer qu'elle rendrait possible la pratique du détournement. Mais la science n'est sûrement pas propice au détournement. Nous ne pouvons jouer avec la technologie qu'à des fins de dissolution de celle-ci. Nous ne pouvons vouloir que son obsolescence. La technophobie kaczynskienne aurait ici été notre seule alliée.

La dénonciation du contrôle techno-scientifique de l'information avait déjà pu être déployée par William Burroughs et Genesis P. Orridge, mais sans jamais en écarter le corps. Eux souffraient et avaient souffert jusque dans leur chair de l'information War, ils y avaient physiquement combattu, pas seulement (surtout pas, même) avec des terminaux informatiques. Leurs analyses radicales des fausses sciences de l'information et des médias-démons auraient logiquement dû alimenter les discours critiques des astronautes autonomes, les avertir, plutôt qu'à sa place ait toujours sué un léninisme naïf et jamais totalement avoué. Ce qu'une importante partie de l'Astronautique Autonome nous propose aujourd'hui, aurait pu être plus que le contrôle en réseaux de groupes locaux (les soviets), des fusées et de l'énergie de l'atome (l'électricité). On se croirait plongés dans les livres de science-fiction des années cinquante, ou dans les manuels de propagande soviétiques des années vingt. Et si des astronautes autonomes ont d'ores et déjà découvert les joies de l'ordonnancement rigoriste des formes spatiales par les constructivistes russes (tel est le cas des slovènes), il n'y a guère plus que Malevitch pour les tirer de ce mauvais pas.

Il y a eu des chasses aux sorcières, il n'y aura pas de chasse aux astronautes autonomes, plus malheureux que d'autres dans un écho médiatique qu'ils ne refusent pourtant à aucune occasion, comme cette récente participation à une très officielle institution d'art (exposition Digital Deviance), ou la diffusion d'un italien quasi-anonyme interpellé par les forces de l'ordre au cours d'une lutte encore et toujours partielle contre une mondialisation pourtant achevée depuis déjà plus de cent ans. Mais pour s'en rendre compte il aurait fallu relire Marx. Les astronautes autonomes ont suffisamment su rester inoffensifs et discrets. L'épiphanie de leur Association spectrale est un murmure messianique qui n'aura suscité l'émergence d'aucune secte. Il n'y a ni ne peut y avoir de crypto-Astronautique Autonome.

 

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«Innombrables (…) sont ceux qui tiennent (…) cette ‘chose', le spoutnik, pour un prodige – cette ‘chose' qui fonce à l'entour, dans un espace ‘cosmique' détaché de tout monde; et pour beaucoup c'était et c'est encore un songe: prodige et songe de la technique moderne, laquelle est bien la moins prête à accepter de penser que c'est le mot qui confère leur être aux choses. Pas de mots, mais des actes, voilà ce qui compte dans le calcul du comput planétaire.»
Martin Heidegger, «Le Déploiement de la parole» (1957), dans Acheminement vers la parole, Gallimard, Paris, 1999, p. 149.

 

Lancé pour la première fois le 23 avril 1995, le programme d'exploration spatiale indépendante de l'AAA a inauguré une ère nouvelle. Ce n'est plus dans un roman ou dans un film, mais dans le monde réel que des individus ont librement prétendu aller dans l'espace en faisant fi des gouvernements et de l'économie. L'Outre-Espace ne doit pas pour autant devenir le Larzac de néo-hippies. Les rampes de lancement autonomes ne doivent pas devenir les menhirs d'un cyber-Stonehenge.

 

La pataphysique de l'AAA aura fait office de puissante contre-culture scientifique en son sein. Ils voudraient peut-être rejeter la technologie et la science, mais en ont besoin pour leurs voyages astraux, c'est pourquoi ces dernières continueront de régner sur le vol spatial, autonome ou non. Le vol spatial, pas plus que la science, ne peut être l'objet d'un détournement. L'essence de sa technique est inscrite dans le développement capitaliste et ne peut en être séparée. Contrairement à une œuvre musicale, une technologie aérospatiale ne se sample pas. Elle dépend entièrement d'une pensée scientifique systématique et totalitaire. La véritable dictature du langage est là, dans l'édifice monolithique du discours scientifique, dont les astronautes autonomes s'abreuvent par débris comme par défaut… ou, pour les plus subtils, par jeu. Ce discours de la science doit être abandonné. L'Astronautique Autonome pourrait ainsi être la première non-science d'une nouvelle génération de connaissances sur le réel.

Seule une œuvre d'art ou un objet esthétique peuvent être détournés, liberté du corps qui pense et inscription dans l'espace de nouveaux signifiants. En l'art réside notre liberté, la création ex-nihilo de formes nouvelles. Voilà l'essentiel de ce que nous a dit l'AAA. Ce qui doit en être retenu. Un réseau spectral et fantomatique d'artistes incultes, voilà ce que l'AAA aura essentiellement été, poursuite échevelée de projets autonomes. Avec l'AAA, comme avec l'Internationale Situationniste quarante ans plus tôt, des individus quelconques ont œuvré à la constitution d'un réseau transnational intangible de critique et de contestation pratique de l'ordre établi, en un gigantesque pied-de-nez à tous les groupuscules gauchistes de leur époque. Les situationnistes s'étaient ouvertement moqués des crypto-léninistes et anarchistes de tout poil, de 1957 à 1972. Les astronautes autonomes, depuis 1995, bien que minés de l'intérieur par quelques pro-situs fans de l'old school élitiste du gauchisme français, se moquent ouvertement du verbiage de l'extrême-gauche et de l'ultra-gauche agonisantes. Les astronautes autonomes, sans dictionnaire, ont commencé de créer le vocabulaire d'une langue nouvelle, dans la décrépitude post-moderne des politiques de libération.

«Depuis peu, la recherche scientifique et philosophique sur les langues vise toujours plus résolument à produire ce que l'on nomme la ‘métalangue'. La philosophie scientifique qui poursuit la production d'une telle ‘super-parole' se comprend elle-même comme méta-linguistique. Ce mot sonne comme métaphysique; mais il ne fait pas que sonner comme lui: il est comme lui; car la métalinguistique est la métaphysique de la technicisation universelle de toutes les langues en un seul instrument, l'instrument unique d'information, fonctionnel et interplanétaire. Métalangue et satellites, métalinguistique et technique spatiale sont le Même.»
Martin Heidegger, «Le Déploiement de la parole» (1957), dans Acheminement vers la parole, p. 144-145.

 

Symbole comique de l'absence de théorie astronautique unifiée, l'«agir elliptique» désigne la pratique qui n'atteint son but qu'en méconnaissant subjectivement l'objectivité instrumentale de son action. Dans l'Information War de la société post-humaine, seuls des aveugles entreprennent encore de trouver leur chemin. L'anti-réseau inorganisé de l'AAA a constitué un milieu propice au développement de situations paradoxales, dont la fécondité jalousement revendiquée par les astronautes autonomes eux-mêmes, ré-engendre dans l'errance des symboles d'Ordre, comme cet autre faux concept, la «résonance morphique».

Par la résonance morphique, dès le départ d'un emprunt douteux aux théories de Ruppert Sheldrake, exposées dans La mémoire de l'Univers (édition française: 1988), toute forme de vie singulière, donc tout individu humain, serait une variation particulière d'un champ originel, le champ vital de H.S. Burr, disciple du charlatan Sheldrake, qui est un champ de lumière (et, Lumière, fleure bon le photon sans masse de la mythique Gravité Zéro). La théorie des champs morphogénétiques, en réverbération fantomatique dans les spéculations de Sheldrake, vient justifier et légitimer les parapsychologues de l'«effet Kirlian», les re-découvreurs modernes de l'âme, et la viabilité de la dérive nomadique, version moderne des errances psychogéographiques. Tant que ça résonne, l'agir elliptique suit un guide inconnu qui le mène avec assurance vers la lumière des étoiles. L'agir elliptique renforce et contredit la résonance morphique. Il la renforce en ce qu'il soutient l'idée suivant laquelle existeraient des forces qui nous déterminent sans que nous en ayons conscience (à quand les archétypes de Jung?). Mais il la contredit aussi, puisque le concept même de résonance morphique se veut être une description objective, quoique purement imaginaire, des fins de l'action, à savoir la connaissance ultime du champ de lumière originel, aboutissant au mystérieux «point Oméga». La pseudo-science contre l'inconscient. Ou, pour le dire autrement: l'agir elliptique est la dérive délibérément inconsciente dont tous les parcours remontent vers le point Oméga, source lumineuse des vagues de résonance morphogénétique, l'origine incorrompue de toutes les formes. Tout ça fleure bon la métaphysique platonicienne passée à la moulinette de l'imaginaire cybernétique. Un peu comme cette histoire de réseau fantôme, dont on pourrait tout aussi bien se dire qu'il n'est que l'expression robotisée et mécaniste de ce que l'on appelait autrefois plus simplement, et plus sainement aussi, l'amitié. Là encore les astronautes autonomes s'amusent de notions à l'allure scientifique pour déployer leur pataphysique.

Ce besoin de légitimité apparent, recherché par l'usage de pseudo-concepts à résonance scientifique subversive, a pu aider les astronautes autonomes à valoriser leurs discours à leurs propres yeux, mais les a rendu hermétiques aux révolutionnaires potentiels, aux individus quelconques, aux gens. L'agir elliptique n'est pas le détournement, mais son contraire. La résonance morphique n'est pas le spectacle, mais une imitation du mythe de la création divine par la lumière source-de-vie. Nous ne devenons des êtres de lumière qu'à notre mort, n'étant plus alors des corps qui pensent en gravité, plus même des êtres peut-être. Le corps, toujours le corps, rien que le corps. Sûr que ça peut être pesant. Le corps, contre la Gravité Zéro.

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L'AAA aura été un immense éclat de rire cosmique, que quelques teen-agers spectateurs de Star Trek auront trop pris au sérieux. La musique, la danse, le théâtre, la baise en apesanteur, et bientôt la peinture par le dripping spatial multi-directionnel, la sculpture flottante ou la vidéo en steady-cam allégée, et une multitude de formes inédites de pratiques esthétiques et d'œuvres d'art. L'Astronautique Autonome n'aura été ni une science ni une technologie, elle aura été une ouverture du plaisir sensible (mais y a-t-il seulement d'autre plaisir que sensible? – on peut en douter…) vers de nouveaux climats et de nouvelles situations. La traversée d'atmosphères et d'ambiances jusque-là inconnues.

Sa spectralité collective, causée par l'existence fugitive d'une multitude informe de réseaux instables, autorise l'AAA à volontairement détourner les regards trop inquisiteurs de sa seule vérité. Et sans aucun effort. La multiplicité infinie des individualités qui la composent fait toute la nouveauté et toute la richesse politiques de l'AAA face aux organisations politiques archaïques. Tous ses membres peuvent disparaître sans que son existence soit minée. Sans nulle prétention réelle à concrétiser un projet social cohérent, sans aucun discours régulateur d'une attitude esthétique, l'AAA a fait l'unanimité de ses membres, alors que ceux-ci ne se sont jamais connus. Certains se sont croisés, d'autres sont des amis, mais d'autres encore, les plus nombreux, ne se savent même pas astronautes autonomes. Aucun collectif politique radical n'avait fonctionné de la sorte avant elle, si ce ne sont peut-être les fondateurs du défunt Temple of Psychic Youth ou quelque groupe isolé de sorcières de la Wicca.

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Partout où il y avait de l'art souterrainement au travail, l'AAA s'est immiscée. Depuis l'appropriation partielle des nouvelles données compositionnelles dans les musiques répétitives, bruitistes, climatiques et industrielles, acoustiques et électroniques, jusqu'à l'errance programmée de nouvelles dérives, du théâtre à la danse en apesanteur, des astronautes autonomes mènent des expériences de premier plan. The Problem of Driving Through Space de Dragan Zivadinov est emblématique de cette situation et son projet est digne de la plus belle Astronautique Autonome. La multi-dimensionnalité y est d'ores et déjà mise en pratique.

Par une collection d'individus totalement réduite au plus simple appareil de son sigle et d'un projet essentiellement flou, l'AAA aura été l'expérience politique la plus féconde et la plus réaliste au passage des deux siècles. La première avant-garde de rien si ce n'est d'elle-même. Un mouvement politique prématuré, mort-né, jamais enfanté ni conçu. Cette anthologie de textes en est une citation posthume au grand Panthéon des livres d'histoire.

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Habitant la Terre, nous sommes déjà des astronautes. Nous serons des astronautes autonomes lorsque tout pouvoir et toute source d'aliénation auront été détruits sur Terre. Fuire hors la Terre serait vouloir fuire le temps semi-cyclique des marchandises qui ne peut être fuit mais doit être aboli. «Le programme spatial est simplement une tentative pour transporter nos impasses temporelles ailleurs», comme l'écrivait William Burroughs (Essais, vol. 2, Christian Bourgois, Paris, 1996 (éd. or. 1984), p. 85). Pour vaincre, nous devons nous reconnaître comme Voyageurs du Temps, seule limite que nous puissions dépasser en l'absence d'affrontement réel avec l'ennemi à l'extérieur de notre corps. La dérive à travers le temps repousse constamment les limites de l'espace en même temps qu'elle les dresse.

Ayant connaissance du corps sensible qui les pense, les Voyageurs du Temps combattent l'ennemi à l'intérieur d'eux-mêmes en refusant les positions sociales de prestige ou en procédant avec aise à la subversion de leurs codes. Leur devise est: toujours continuer. Ils reconnaissent les limites du corps, et non ses limitations, et en explorent les possibilités sensibles. Le hasardeux Voyage dans le Temps du corps sensible, inscrit dans l'Espace la libre circulation du désir. Les astronautes autonomes de demain sont les Voyageurs du Temps d'aujourd'hui.

 

«Il nous faut d'abord retourner nos pas vers là où, à proprement parler, nous avons déjà séjour. Le tranquille retour vers là où déjà nous sommes est infiniment plus difficile que les courses rapides allant où nous ne serons jamais – à moins de devenir des chimères techniques adaptées aux machines.»
Martin Heidegger, «Le Déploiement de la parole» (1957), dans Acheminement vers la parole, p. 174.

 

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