La conscience est un champ de bataille où s’affrontent les idées, en un tumulte sur lequel continuent de planer les ombres du Théâtre Cartésien. Les certitudes en apparence les plus fortes, ancrées dans des notions qui tendent à préserver l’esprit de tout modèle qui nous en délivrerait, continuent de dispenser un brouillard que Daniel Dennett s’efforce allègrement de dissiper en s’attaquant aux contresens ou aux pseudo-évidences dont la plupart des débats sont inutilement encombrés. On ne dispute cependant pas au rêveur les bénéfices illusoires de ses rêves; les plus beaux n’en offrent nulle garantie. Abandonnant le rêveur à ses rêves et le magicien à sa magie, Daniel Dennett poursuit ici, avec brio, une entreprise de clarification qui tourne le dos aux convictions les plus tenaces, en faisant appel à un modèle qui ne s’en laisse pas conter, celui de la «célébrité dans le cerveau». «Dans le cerveau, pas de Roi, pas de Contrôleur officiel des programmes de la télévision d’Etat», écrit-il. La démocratie, l’anarchie, y sont autrement plus actives et efficaces. La conscience n’est pas un «médium de représentation. ... Elle a bien plus d’affinités avec le monde de la célébrité qu’avec celui du médium télévisuel.»
Daniel C. Dennett est professeur d’Université et directeur du centre des Etudes Cognitives à Tufts University. Ses travaux ont été largement traduits en français. Citons : La stratégie de l’interprète (Gallimard), Darwin est-il dangereux ? (Odile Jacob), La conscience expliquée (Odile Jacob, 1993).