l'éclat

  Aristote à l'agrégation de philosophie 2007-2008

 

Et également le "corps" et les "couleurs" (en esthétique)...

et en guise d'introduction à Aristote un court extrait de La persuasion et la rhétorique de Carlo Michelstaedter

   

Vous trouverez ci-dessous les références à deux ouvrages "indispensables" pour une meilleure approche du philosophe de Stagire. Le livre de Werner Jaeger, qui renouvella les études aristotéliciennes et qui demeure un classique; l'ouvrage de Lukasiewicz qui s'attaque au "principe fondateur" de la logique aristotélicienne et ouvre ainsi la voie à une logique non-aristotélicienne que les agrégatifs DOIVENT ignorer s'ils ne veulent pas avoir d'ennuis au concours, mais sur laquelle ils pourront jeter un coup d'oeil une fois l'épreuve passée...

Il y a au catalogue de l'éclat d'autres titres qui pourraient "rentrer dans le cadre" d'une étude d'Aristote, s'il n'y avait pas une agrég à passer... Nous les signalons pour les plus curieux:

- Giorgio Colli, Philosophie de l'expression.

- Giorgio Colli, Nature aime se cacher.

- Carlo Michelstaedter, La persuasion et la rhétorique

- Carlo Michelstaedter, Appendices critiques à la persuasion et la rhétorique

Le texte qui suit est extrait de La persuasion et la rhétorique.

 

 

Un exemple historique

(Extrait de Carlo Michelstaedter, La persuasion et la rhétorique, traduit de l’italien par Marilène Raiola, Editions de l’éclat, 1989.) Voir la page auteur.

 


Dans son amour pour la liberté, Socrate s’indignait d’être soumis à la loi de la gravité. Et croyait que le bien résidait dans l’indépendance à l’égard de la gravité. Car c’est elle — pensait-il — qui nous empêche de nous élever jusqu’au soleil. —

Être indépendant de la gravité signifie ne pas avoir de poids et Socrate ne s’accorda de répit qu’il n’eut éliminé de lui tout poids. — Mais consumés à la fois l’espoir de la liberté et l’esclavage — l’esprit d’indépendance et la pesanteur, la nécessité de la terre et la volonté d’atteindre le soleil — il ne s’envola ni vers le soleil — ni ne resta sur terre il ne fut ni indépendant ni esclave ; ni heureux ni malheureux ; — mais à son sujet mes mots ne sauraient rien ajouter.

Platon assista à cette extraordinaire fin du maître et se troubla. Et puisqu’il nourrissait la même grande passion, bien que n’étant pas d’un dévouement aussi désespéré, il s’absorba dans la méditation. Il s’agissait de trouver un mèkanema [mécanisme] pour s’élever jusqu’au soleil, mais — en déjouant la gravité — sans perdre son poids, son corps, sa vie ; il médita longtemps et inventa le macrocosme. La partie principale de l’étrange machine était un grand globe rigide, en acier, que par ses attentions les plus affectueuses pour le haut Platon avait empli d’Absolu — qu’il avait vidé de son air dirions-nous aujourd’hui. — Avec cet admirable système il se serait élevé sans rien perdre de son propre poids — sans diminuer sa propre vie.

 

Le départ fut joyeux et plein d’espérances hardies ; et l’aérostat se souleva rapidement des basses couches de l’atmosphère.

«Voyez comme nous nous élevons par la seule volonté de l’absolu » s’exclamait Platon devant les disciples qui l’accompagnaient, et il montrait le globe scintillant qui les emportait dans son ascension rapide. « C’est par sa vertu que nous nous dirigeons vers le soleil où la gravité ne règne plus, et que peu à peu nous nous libérons de ses liens ».

(— En vérité nous dirions aujourd’hui que la cause de l’ascension dc l’aérostat n’est pas « sa volonté d’ascension » mais plutôt la chute de l’air plus lourd que lui. –)

Mais Platon exultait grisé par l’exaltation, et désignant le globe empli d’absolu s’exclamait : «admirez notre âme ! ».

Et les disciples qui ne comprenaient pas mais éprouvaient le vertige et la nausée de l’ascension, regardaient ébahis le maître et le globe, et la terre qui s’éloignait toujours au-dessous. —

Cependant lorsqu’ils parvinrent aux limites de l’atmosphère, l’aérostat réduisit sa vitesse, se balança puis s’immobilisa tout à fait, en équilibre dans l’océan d’air. Impossible d’aller au-delà de l’atmosphère — il faudra se contenter de flotter. Et les espoirs ? et le soleil ? et l’indépendance ? Du regard, les disciples interrogèrent le maître. —

Alors Platon regarda vers le bas et voici upèrche autô megaloprepeia kai theôria pantos men chronou pasès de ousias [à qui il est donné de contempler tous les temps et tous les êtres (République 486a)] et il se réjouit et dit à ses disciples qui l’accompagnaient «Nous voici en haut ; regardez au-dessous les choses du bas monde, elles sont en bas parce qu’elles sont lourdes, parce qu’elles ont un poids, nous au contraire » et il désigna le globe qui flottait immobile au-dessus de leur tête «nous au contraire nous avons "la légèreté", nous ne sommes ici que parce que nous avons "la légèreté" ». Les disciples se penchèrent à leur tour au-dessus du parapet, mais la frayeur du vide les gagna, si bien que s’étant retirés sur le point de défaillir, ils n’osèrent plus se relever du fond de la nacelle. « Nous » poursuivit le maître «dans la mesure où nous sommes ici, nous participons nous aussi de la "légèreté" et chacun de nous possède "la légèreté", nous avons un corps, un poids, mais conformes à la "légèreté" ». « Maître » dit un des disciples quelque peu ressaisi du poids de la frayeur et de l’étonnement « maître, comment est faite la légèreté ? ».

 

«La "légèreté"» dit Platon, contemplant l’admirable spectacle des choses, qui sous son regard plus puissant, étaient aussi claires que si elles avaient été proches « la "légèreté" comprend toutes les choses non telles qu’elles sont dotées de leur poids dans le bas monde, mais dépourvues de poids ; et de même que le poids appartient au corps, l"incorporel" appartient à la "légèreté" ; et si l’étendue, la forme, la couleur, tout ce qui enveloppe les hommes sur terre appartiennent au corps, l’inétendu, l’informe, l’incolore, le spirituel appartiennent à la légèreté. Par la seule contemplation de la légèreté, nous qui avons la légèreté, nous voyons et possédons toutes les choses, non telles qu’elles apparaissent sur terre, mais telles qu’elles sont dans le règne du soleil ».

— Les disciples écoutaient en silence, le regard fixé sur l’éblouissante splendeur de l’acier et personne ne voulait avouer qu’il ne voyait rien ; mais par moments ils incitaient le maître à poursuivre. Et celui-ci parla alors des merveilles occultées aux autres hommes et que son regard pénétrant discernait, les choses lui apparaissant sur la surface de la terre en raison de la profondeur vertigineuse, rassemblées de différentes et nouvelles et admirables façons. Ce sont ces nouvelles créatures qu’il appelait idées, et il disait qu’elles étaient toutes contenues dans la "légèreté", — et que chacun pouvait les voir. — Les disciples qui ne voyaient rien s’abandonnaient à l’attrait de ses visions. Et la terre pouvait bien s’obscurcir la nuit venue, les nuages lui occulter la vue, ses yeux se fatiguer, dans son élan il n’en poursuivait pas moins son récit, arrachant à sa mémoire les images les plus enfouies et, les associant aux fantasmagories les plus étranges, il se nourrissait et nourrissait les autres de paroles.

Mais les jours, les mois et les années passaient — la vie ne changeait pas — et il n’y avait aucun espoir de changement. Les habitants de la légèreté et Platon lui-même vieillissaient en effet le règne du soleil était loin et la splendeur réfléchie de la machine emplie d’absolu — ne répandait pas plus la joie, la paix, la liberté, qu’elle ne prodiguait la jeunesse éternelle.

 

Les disciples en l’absence de toute voie de salut, de toute activité à laquelle ils auraient pu suffire — avaient sombré dans une obscure torpeur désespérée. Mais un jour — l’un des plus hardis et des moins obséquieux ayant observé que le maître en parlant avait toujours les yeux rivés sur la terre lointaine, se pencha de nouveau au-dessus du parapet et aperçut le vide ; il força son regard de toutes les façons afin de pouvoir discerner quelque chose mais n’aperçut que le miroitement des eaux alternant avec les masses sombres de la terre, tel un lointain brouillard : et ceci n’avait pas la plus lointaine ressemblance avec ce que le maître décrivait. Mais il n’était pas de ceux que la peur du vide liquéfiait, contrairement à ses autres compagnons. La peur mûrissait en lui selon des plans déterminés et il déployait un zèle irrésistible dans la réalisation de ceux-ci. D’ailleurs il supportait mal en son cœur jaloux d’être aveugle là où le maître voyait clair, et il forma à part soi la résolution de trouver un moyen pour revenir sur terre. Il se mit aussitôt à étudier avec application cette machine géniale qui les avait soulevés, et par d’habiles questions, soutirant du maître les informations nécessaires, il acquit en peu de temps une connaissance précise de tous ses artifices.

 Alors s’étant avancé il parla ainsi au vieux Platon:

« Maître, tu dis que nous avons la légèreté ? »

« S’il n’en était pas ainsi en vérité nous ne serions pas si haut» dit Platon.

« Et nous sommes légers par la présence de la légèreté?»

« Assurément ».

« Et toute chose en tant qu’elle est légère est rendue telle par la présence de la légèreté ? »

«Sans nul doute ».

« Et inversement la légèreté est telle qu’elle peut rendre toute chose légère par sa présence ».

« De la même manière ».

«Maître, pourquoi ne pourrions-nous pas nous emparer d’un peu de l’air qui nous entoure et l’ajouter à la légèreté? A en croire les discours sur lesquels nous venons de nous accorder, il perdrait alors sa nature de pesanteur et participerait à son tour de la légèreté ». Et il se tut.

 

Platon, dont les yeux voyaient loin, regarda longuement dans les yeux myopes du jeune disciple et s’aperçut que celui-ci le trahissait. Pourtant il connaissait le mécanisme et raisonnait droitement et Platon ne pouvait se soustraire à ses conclusions. D’ailleurs il savait combien et où il s’était lui-même trompé — et vu son âge il ne pouvait pas non plus nier la vie du jeune disciple. —

   Il baissa tristement la tête et s’adressant au jeune homme il lui dit : « D’accord, fais-le ! ». Le disciple s’affairait autour de la soupape et Platon suivait mélancoliquement ses mouvements. Mais du reste, l’altitude vertigineuse, l’air irrespirable — l’absence de toutes les choses aimables de la vie, et du commerce des hommes — l’immobilité de toutes choses le long des jours et des nuits — provoquaient aussi en lui une sinistre sensation de vide que ses paroles ne réussissaient pas à combler — et qui n’était pas loin de ressembler à la peur. Ainsi lorsque l’air commença à siffler en pénétrant impétueusement dans le globe et réveilla les malheureux disciples de leur torpeur, Platon sentit à son tour son vieux coeur se dilater tandis que sa xèrè psychè [âme sèche] s’humidifiait de vagues désirs.

L’aérostat descendait, les disciples étaient revenus à la vie. « Nous descendons ! » « Nous descendons!». Ils ne pouvaient rien prononcer d’autre et ne se lassaient pas de répéter ces mots qui étaient comme l’anticipation de la joie dont ils avaient désormais désespérée, la joie de sentir la terre ferme sous leurs pieds, d’être à tout jamais à l’abri, sauvés de cette terrible, vertigineuse solitude.

 

Et tandis que Platon à regret observait attentivement comment l’air pénétrait dans le globe, animés par le changement et par les nouvelles espérances et rendus plus curieux par la variété des choses qu’ils commençaient maintenant à entrevoir sur la surface de la terre, ils formèrent cercle autour de lui et avec une plus grande insistance lui demandèrent de parler encore.

-   Pendant ce temps la terre se rapprochait, et les yeux des disciples brûlaient d’impatience. Avec une autorité naturelle le traître prit la place du maître et utilisant la même méthode, tel celui qui en connaissait à fond le mécanisme, il se mit à parler bien qu’il ne voyait rien de distinct — mais grâce à l’expérience acquise et en parlant davantage de la façon dont le mécanisme fonctionnait et du comportement de l’air dans la légèreté que de ce qui se manifestait à sa vue. — Lorsqu’il parvint sur terre il commença à introduire une chose et puis l’autre dans le globe et il affirma en toutes la présence de la "légèreté", il se mit ensuite à observer celles-ci dans leurs relations réciproques et puisqu’il se trouvait parmi elles et non au-dessus d’elles, passant d’une chose à l’autre avec son mécanisme, il commença à theôrein uper pasès ousias [théoriser sur tout l’être]. Tout le monde accourait vers lui pour s’emparer de la marchandise en provenance de l’absolu ; lui qui était un esprit pratique prenait la marchandise la plus en vogue et qui s’accordait le mieux à la vue, aux besoins, aux goûts du public, puis il y apposait la marque de fabrique avec l’emblème de la "légèreté". Et le public était heureux de pouvoir dire que la marchandise provenait du ciel et de pouvoir l’utiliser précisément comme s’il s’était agi d’une marchandise de cette terre.

 Cet homme était Aristote[i].

Son système qui eut alors le plus large retentissement, vit encore parmi nous, bien que sous de nouvelles formes. Nombreux sur le terrain positif, répétant la voix des choses telle qu’elle est donnée par les nécessités et les modes contigus, l’élaborent au nom du savoir absolu et s’évertuent à théoriser sur les choses.


[i]. Tout comme je ne prétends pas que Platon ait réellement joué les aéronautes, je ne fais aucune conjecture sur ses dernières relations avec Aristote. Il est certain toutefois que les derniers dialogues, et particulièrement le Parménide, sont animés par un esprit aristotélicien, et semblent un prélude aux catégories et à la métaphysique d’Aristote. Ils n’ont plus de platonicien que les phrases toutes faites du platonisme. On peut même dire ouvertement qu’ils ne sont pas de Platon — mais qu’ils ont été écrits par quelqu’un qui n’avait rien à dire et s’évertuait à concilier le système des idées avec les nécessités d’un discours multiforme tel qu’il s’affirme ensuite dans les oeuvres aristotéliciennes et qui devait être déjà dans l’air — et si l’auteur en est réellement Platon — alors il s’agit d’un Platon vieilli, ou de l’un de ses disciples quelconques.

La dissolution du monde des idées dans la trame infinie des formes, — dont ces dialogues (Le Parménide, Le Sophiste, le Politique) marquent un tournant révélateur, — telle qu’elle eut lieu alors dans l’activité philosophique des idéalistes, est une nécessité qui, bien que sous des formes différentes, se manifeste chaque fois que les hommes en suivant matériellement la voie d’un homme supérieur, s’évertuent à travailler sur des concepts désormais sans valeur pour eux.

 

 

 

 

Werner Jaeger
Aristote
Fondements pour une histoire
de son évolution

«L'Aristote de Jaeger » est quasiment une expression consacrée dans les études aristotéliciennes, tant son influence fut déterminante, et les discussions qu'il suscita furent vives et nombreuses. L' Aristote de Jaeger est au nombre de ces ouvrages indispensables, dont s'est dispensée pourtant l'édition française, obligeant de fait le lecteur francophone à se contenter de ses seuls commentaires. La thèse du livre est fondée sur une lecture génétique de l'oeuvre du Stagirite.

AGREGATION

traduit et présenté par Olivier Sedeyn

1997

isbn 2-84162-014-X.

XVIII-520p. 35 euros.

haut  

Jan Lukasiewicz
Du principe de contradiction
chez Aristote

Les principes énoncés par Aristote, il y a de cela près de vingt-quatre siècles, déterminent encore la plupart de nos modes de penser et d'agir. Le principe de contradiction a un statut particulier, puisqu'il fit perdre patience à Aristote devant ses détracteurs, au point qu'il déclara : logon zètoumen ôn esti logos «Ils cherchent la preuve de ce qui n'a pas de preuve.» Et notre logique s'est contentée de ce mouvement d'humeur pour admettre avec lui que «si une chose est, il n'est pas possible qu'elle ne soit pas tout à la fois».Ceci aux différents plans logique, ontologique et psychologique – ce qui, à y regarder de près, n'est pas sans conséquences.
En 1910, le philosophe polonais Jan Lukasiewicz (1878-1957), publie un petit opuscule dont les implications n'ont pas encore été toutes mesurées. Le principe de contradiction, défendu par Aristote, n'est pas un principe logique, mais essentiellement un principe éthique, sans lequel il nous serait impossible de vivre les uns avec les autres.Le Stagirite était – avant tout – un animal politique.

AGREGATION

traduit du polonais par Dorota Sikora.
Préface de R. Pouivet.

2000.

isbn 2-84162-036-0.

196 p. 20 euros

 

Richard Shusterman
Conscience du corps
Pour une "soma-esthétique"

Ce nouveau livre de Richard Shusterman constitue la première exposition systématique d’une nouvelle discipline, la “soma-esthétique“, que l’auteur a commencé à développer il y a une dizaine d’années. Mais il ne s’agit pas seulement de défendre une philosophie du corps contre une tradition occidentale qui l’a pour l’essentiel rejeté ou dénigré. Il s’agit au contraire de se loger dans le cœur même de ces philosophies qui lui ont accordé une place centrale, afin d’en scruter les limites et de définir des stratégies nouvelles pour vivre et penser le corps. Les philosophes Michel Foucault, Simone de Beauvoir, Maurice Merleau-Ponty, Ludwig Wittgenstein, William James et John Dewey sont convoqués ici, en même temps que des praticiens tels que Moshe Feldenkrais ou F. M. Alexander, pour dessiner les contours d’une authentique conscience du corps, malmenée par l’imagerie véhiculée une modernité pressée qui a tôt fait de magnifier un corps sans conscience.
.

Après des études de philosophie à l'université hébraïque de Jérusalem, Richard Shusterman a enseigné quatre ans la philosophie et la littérature à l'université hébraïque et à l’université Ben Gourion du Néguev, l’esthétique à l’Académie des beaux-arts Bezalel et il a suivi une formation de praticien de la méthode Feldenkrais. Il est actuellement “Dorothy F. Schmidt Eminent Scholar in the Humanities” et professeur de philosophie à Florida Atlantic University. Il développe depuis de nombreuses années des travaux dans le domaine de ce qu’il a baptisé la « soma-esthétique », discipline qui consiste à porter une attention particulière au corps dans ce qui serait la pratique d’une « vie » philosophique. Outre Sous l’interprétation (1994) publié aux éditions de l’éclat, Shusterman a publié L’Art à l’état vif (Minuit, 1992) et Vivre la philosophie (Klincksieck, 2001).

Shusterman - conscience du corps

Septembre 2007

traduit de l’anglais (USA) par Nicolas Vieillescazes

978-2-84162-147-7

304 p. env.

28 euros env.

 

 

 

haut

Couverture Jarman

photo Howard Sooley

Derek Jarman
Chroma
Un livre de couleurs

Chroma («couleur» en grec) est le dernier livre de Derek Jarman (1942-1994). «Autobiographie par la couleur» d’un homme qui perd chaque jour un peu plus la vue, jusqu’à quasiment devenir aveugle, tandis qu’il en écrit les dernières pages sur son lit d’hôpital londonien, et qui revient, chapitre après chapitre, sur les couleurs du langage et des livres, les seules auxquelles il a désormais accès. «C’est pour cela que je n’ai pas voulu mettre de photo dans le livre», écrit-il. Mais Chroma n’en reste pas moins plein de cet humour si particulier à l’oeuvre de Jarman, qui mêle à ses souvenirs d’enfance le long des blanches falaises du Kent ou ceux d’une jeunesse «héroïque» dans les quartiers «rouges» de Londres, ses lectures érudites (Pline, Aristote, Wittgenstein, Goethe, etc.), des remarques toujours en demi-teinte sur la peinture et une réflexion sur le jeu flamboyant des couleurs de fleurs sur la lande aride de Dungeness, où pousse son «dernier jardin».

Derek Jarman, cinéaste, peintre, écrivain, homme de théâtre et jardinier, meurt du sida en 1994, laissant quelques films (Caravaggio, Wittgenstein), des tableaux, des livres et un jardin.

Du même auteur en français aux éditions Thames & Hudson : Le dernier jardin.

traduit de l’anglais
par Jean-Baptiste Mellet

2003

isbn 2-84162-065-4

256 p. 21 euros